Pour améliorer la dénonciation des crimes haineux, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) doit offrir de meilleurs outils aux victimes qui veulent porter plainte.

C’est ce que demande l’opposition à l’hôtel de ville, qui souligne que seule une infime proportion des crimes et incidents est dénoncée aux autorités et que les incidents de haine en ligne ne sont pas compilés par le SPVM.

« L’isolement social et la forte influence des réseaux sociaux ont favorisé la multiplication des actes à caractère haineux, entre autres envers les communautés culturelles. Parallèlement, le système judiciaire et l’intervention policière ne se sont pas adaptés à cette réalité. Il y a beaucoup de freins structurels. Il faut se donner des outils, à la fois pour encourager les dénonciations et traiter les plaintes », a estimé Sonny Moroz, conseiller municipal dans l’équipe d’Ensemble Montréal, en conférence de presse jeudi.

Selon le dernier rapport d’activités du SPVM, les incidents et crimes haineux ont diminué en 2021 par rapport à l’année précédente, respectivement de 10 % et de 21 %. Ils étaient cependant en forte hausse en 2020 : + 107 % pour les incidents haineux et + 53 % pour les crimes haineux.

Dans son rapport, le SPVM fait toutefois une mise en garde : « Le faible nombre de dossiers rend toute analyse statistique hasardeuse », fait-on remarquer.

Selon la Fondation canadienne des relations raciales, à peine 1 % des incidents, discours et crimes haineux perpétrés au Canada sont signalés à la police, rapporte Ensemble Montréal.

Plusieurs victimes ne sont pas à l’aise de porter plainte en personne ou au téléphone, parce qu’elles ont de la difficulté à s’exprimer, note Alba Zúñiga Ramos, conseillère municipale d’Ensemble Montréal.

Elle se désole aussi du fait que le Module des incidents et des crimes haineux du SPVM ne compte que cinq agents, ce qui est largement insuffisant, selon elle.

« Il est nécessaire que le SPVM soit plus proactif pour se rapprocher des membres des communautés les plus vulnérables aux crimes haineux, gagner leur confiance et les aider à porter plainte, surtout ceux qui vivent des barrières sociales et linguistiques et qui ne connaissent pas leurs droits », demande Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales, qui participait à la conférence de presse d’Ensemble Montréal.

Le parti de l’opposition déposera une motion au prochain conseil municipal, lundi, pour demander au SPVM de s’attarder davantage à cette problématique.

Le SPVM, de son côté, affirme qu’il prend les crimes et incidents haineux avec grand sérieux et que le nombre de policiers au sein du MICH est suffisant à l’heure actuelle pour traiter tous les cas qui sont rapportés.

Un porte-parole du service de police soutient que le MICH s’applique à créer des liens personnalisés avec diverses communautés et encourage les victimes à porter plainte en ligne, auprès de leur poste de quartier ou en composant le 911.

Infraction criminelle ou pas

Des exemples concrets d’incident haineux criminels

  • S’attaquer physiquement à une personne en raison de la couleur de sa peau ;
  • Proférer des menaces envers une personne en raison de sa confession religieuse ;
  • Vandaliser un domicile ou un endroit d’intérêt (ex. : un lieu de culte) par des graffitis à caractères haineux de type antisémite ou autre.

Des exemples concrets d’incident haineux non criminels

  • Diffuser du matériel offensant ciblant un groupe ethnique ;
  • Insulter ou injurier une personne sur les réseaux sociaux, ou autrement, en raison de son orientation sexuelle ;
  • Poser des gestes vexatoires envers une personne en raison de sa religion.

Source : SPVM