Un groupe de citoyens de Villeray sonne l’alarme au sujet de l’avenir de l’église Sainte-Cécile, qui semble incertain, puisque la paroisse a failli être dissoute et se dit « techniquement en faillite ».

« On n’a plus une cenne », a martelé l’abbé André Simard, administrateur de la paroisse, lors d’une réunion avec les paroissiens, à la fin d’octobre, au cours de laquelle le conseil de fabrique avait prévu tenir un vote sur la dissolution de la paroisse.

Dans sa présentation, le conseil de fabrique a proposé la fermeture de la paroisse comme « l’unique option logique, raisonnable et réaliste », puisqu’il fait face à des factures d’au moins 3 millions au cours des 10 prochaines années pour la réfection de l’église.

Devant la levée de boucliers de la communauté, le conseil a toutefois accepté de reporter le vote.

Solution temporaire

Dimanche dernier, des marguillières siégeant au conseil de fabrique ont affirmé, au cours d’une nouvelle rencontre, qu’une solution avait été trouvée pour maintenir la paroisse en vie encore un an ou deux, sans préciser quelle était cette solution.

Mais le comité Sauvons Sainte-Cécile, formé de citoyens du secteur, a l’intention de poursuivre sa mobilisation pour trouver comment assurer à long terme le maintien de l’église et sa préservation pour la communauté, afin d’éviter qu’elle ne soit vendue pour être transformée en condos.

« L’église est un lieu de culte, mais aussi un lieu de culture et de communauté », dit Lydia Tetyczka, porte-parole du comité de citoyens. « On ne peut pas mettre ça de côté quand on est dans un processus de fermeture de paroisse. »

Manque de transparence

L’abbé Simard et le conseil de fabrique ont refusé de répondre aux questions de La Presse.

Mme Tetyczka a aussi déploré le « manque de transparence de la paroisse sur les démarches qu’ils font pour tenter de sauver l’église ». « Ils restent très opaques, très obscurs, alors qu’on tente de savoir si on peut travailler ensemble, » dit-elle.

Lors de la rencontre du 6 novembre, le conseil de fabrique a indiqué vouloir « collaborer avec les organisateurs de ce mouvement qui se met en place ».

Mais le constat présenté lors de la réunion du 23 octobre n’est pas réjouissant.

Factures coûteuses

La façade de l’église construite en 1924, qui donne sur la rue de Castelnau, est entourée de clôtures puisqu’elle n’est pas sûre. Des travaux de sécurisation de la façade ont dû être interrompus cet automne, faute de fonds, en raison d’une facture supplémentaire de 86 000 $.

Juste pour le toit de l’église, il faudra débourser au moins 1,5 million. Les clochers, dont les cloches ne sonnent plus, nécessitent des travaux de 500 000 $.

Conseil de fabrique de la paroisse Sainte-Cécile

En 2021, le chauffage de l’église a coûté 29 000 $, et la paroisse prévoit que la facture explosera en 2023, puisque les frais pourraient être de 13 000 $ pour le seul mois de janvier.

Plusieurs organismes communautaires et municipaux louent des locaux au sous-sol de l’église (camp de jour, chorale, centre pour aînés, etc.), rapportant des revenus de 100 000 $ à la paroisse. Mais elle a tout de même terminé l’année 2021 avec un manque à gagner de 16 000 $.

Le presbytère et le terrain derrière l’église ont une valeur de 3,6 millions. La paroisse a envisagé de les vendre pour financer les réparations, mais il ne s’agirait que d’une solution temporaire, indique le conseil de fabrique.

De plus, agir ainsi reviendrait à « dépenser des millions de dollars pour un carrosse qui ne roule plus », selon le conseil.

Seuls une quarantaine de paroissiens fréquentent l’église pour la messe du dimanche.

« Combien y aura-t-il de fidèles dans notre église dans 10 ans, après avoir dépensé plus de 3 millions pour de vieilles pierres ? », demande le conseil.

Inventaire du patrimoine religieux

La mairesse d’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Laurence Lavigne-Lalonde, a affirmé, lors de la dernière assemblée du conseil d’arrondissement, vouloir « participer à la réflexion sur la place de ce lieu dans la vie des citoyens de Villeray », tout en précisant que l’administration n’avait pas les moyens d’acheter le bâtiment.

« Il y a de moins en moins de gens qui fréquentent les églises, mais ça reste des lieux importants au cœur de la communauté », a-t-elle souligné, ajoutant que le zonage de l’église Sainte-Cécile ne permettait pas, pour le moment, d’usage résidentiel.

Justement, le conseil d’arrondissement a accordé un contrat de près de 70 000 $ à une firme pour obtenir un inventaire et une analyse du patrimoine religieux sur son territoire. « On sait très bien que Sainte-Cécile n’est pas la seule église dans cette situation, dit la mairesse d’arrondissement. On veut savoir l’état des bâtiments religieux, leur valeur patrimoniale et leur place dans la communauté, pour pouvoir réfléchir en amont et ne pas être pris de court comme c’est le cas actuellement. »