Les propriétaires montréalais doivent s’attendre à payer entre 3 % et 6 % de plus en taxe foncière en 2023, a indiqué lundi la numéro deux de l’administration Plante. Elle demande au gouvernement provincial de conclure un nouveau « pacte fiscal » pour mieux financer les villes devant l’inflation.

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, a affirmé que l’hôtel de ville aurait des choix difficiles à moyen terme en l’absence d’un meilleur appui de Québec.

« On est frappés de plein fouet par la hausse des coûts de construction, par la hausse des coûts de l’essence pour le déneigement. C’est sûr que ça nous pose des problèmes », a-t-elle dit lundi, ajoutant que les salaires de certains employés étaient indexés. « On ne peut pas ni geler (comme on l’a fait dans des années précédentes) ni même être à 2 %. [La hausse de taxe foncière sera] entre 3 % et 6 %. »

Vendredi, Valérie Plante avait déjà assuré en entrevue avec La Presse que la hausse de taxe foncière n’atteindrait pas l’inflation.

« Le modèle de financement actuel [de la Ville] est absolument archaïque, dépassé, déconnecté des responsabilités de la Ville de Montréal », a-t-elle dit lundi en conférence de presse. « Le nerf de la guerre, c’est l’argent. »

La taxe foncière désuète

Mme Ollivier concluait une journée de travail sur l’avenir de la fiscalité municipale, où des acteurs de la société civile montréalaise étaient appelés à réfléchir à de nouvelles façons de financer le budget de la métropole.

Conclusion consensuelle : il faut un « nouveau modèle de fiscalité municipale », a rapporté l’élue. « Montréal a des besoins de financement particuliers pour les rôles qu’elle assume en tant que métropole. […] La taxe foncière ne pourra pas répondre à ces besoins. » Elle a expliqué que la Ville ne devrait pas avoir à financer ses initiatives de lutte contre la pauvreté ou de promotion de la langue française à partir de ses revenus fonciers.

En l’absence d’un tel soutien rapide, l’hôtel de ville va se retrouver devant des dilemmes, assure Dominique Ollivier. « On va devoir faire des choix. On ouvre une bibliothèque ou on répare une rue ? On ramasse les poubelles ou on tarife le centre sportif, par exemple ? », a-t-elle dit.

Écofiscalité

Plus concrètement, les participants au forum s’entendaient sur l’importance de sortir d’une logique de financement par programme, ainsi que sur l’avenir de l’écofiscalité. Sur ce dernier point, Mme Ollivier a évoqué la possibilité d’imposer une taxe kilométrique pour remplacer la taxe sur l’essence, la taxation de l’eau pour les usages non résidentiels ou l’instauration d’un système de « bonus/malus » pour les grands stationnements.

L’évènement de lundi réunissait plusieurs dizaines de participants, dont des représentants du milieu des affaires, du milieu associatif et du milieu communautaire.

Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, a affirmé que les entreprises montréalaises étaient ouvertes à la mise en place de mesures d’écofiscalité si elles remplacent des taxes déjà en place.

« Le milieu des affaires aime le principe d’utilisateur-payeur, a-t-il dit. Le milieu des affaires n’est pas contre le fait qu’on tarifie correctement. Le danger, c’est si on va chercher de nouveaux revenus additionnels de taxation [sans baisser la taxe foncière]. »