Le maire d’Anjou, Luis Miranda, s’est à nouveau excusé, mardi, pour son emportement à l’endroit d’un adolescent venu le questionner en conseil d’arrondissement, mais fait maintenant face à une plainte devant la Commission municipale du Québec (CMQ).

Au début de la rencontre du conseil d’arrondissement, mardi soir, M. Miranda est revenu sur les évènements du 4 octobre dernier, alors qu’il avait répondu agressivement au jeune Hocine Ouendi.

« Je me suis malheureusement emporté et j’ai tenu des propos qui ont dépassé ma pensée. Une fois de plus je tiens à exprimer mes excuses les plus sincères à M. Hocine Ouendi et à sa mère ainsi qu’à mes concitoyens qui auraient pu être froissés par certaines paroles que j’ai prononcées concernant la situation malheureuse qui prévaut au parc Goncourt, » a dit le maire d’arrondissement.

Hocine Ouendi s’était présenté à la séance du conseil d’arrondissement d’Anjou afin de questionner le maire sur la fermeture des terrains de soccer synthétiques de l’arrondissement. Les terrains ont été fermés en raison d’actes de vandalisme, et l’adolescent a proposé l’embauche de surveillants pour éviter ce genre de situation.

Il avait été sèchement critiqué et interrompu par M. Miranda, qui l’a sermonné pour avoir osé lui poser une question. « À 15 ans, j’ai même pas d’affaire à lui parler », avait dit le maire d’arrondissement, laissant entendre que la mère du jeune Hocine devrait mieux éduquer son fils.

« Regardez-vous dans le miroir », avait poursuivi M. Miranda en soulignant que de tels problèmes ne surviennent que sur les terrains de soccer et pas sur les plateaux d’autres sports.

Manque d’éthique

Malgré les excuses du maire, d’abord faites à la télévision puis au conseil municipal de Montréal la semaine dernière, la mère d’Hocine Ouendi a déposé une plainte à la CMQ contre Luis Miranda, avec l’aide du Centre de recherche-action sur les relations raciales.

Selon la plainte, le maire Miranda a commis un manquement grave au code d’éthique des élus montréalais, qui leur demande d’éviter une conduite qui porte atteinte à l’honneur et à la dignité de la fonction d’élu, d’agir en tout temps avec respect à l’égard des citoyens, de ne pas se comporter de façon irrespectueuse envers les citoyens par l’emploi, notamment, de paroles, d’écrits ou de geste vexatoires, dénigrants ou intimidants ou de toute forme d’incivilité de nature vexatoire, et de ne pas faire de discrimination fondée sur la race, l’âge, l’origine ethnique ou nationale.

« Le maire d’Anjou s’est livré au profilage racial à l’endroit de mon fils. Si mon fils n’avait pas 15 ans et une apparence d’Arabe, il est fort probable qu’il n’aurait pas été traité d’une telle manière par le maire Miranda », dénonce la plaignante, qui a préféré ne pas se nommer dans les documents transmis à La Presse.

La plainte fait référence au fait que Luis Miranda a ciblé les joueurs de soccer, alors qu’il est bien connu que ce sport est populaire auprès des « groupes ethnoculturels arabes et africains ».

Dans sa déclaration devant le conseil d’arrondissement, le maire d’Anjou a déploré « le climat de violence et d’intimidation qui règne autour du parc Goncourt ».

« Cette situation est causée par une bande de jeunes délinquants. Ce groupe vandalise les installations, insulte les personnes âgées et sabote entre autres leurs activités de pétanque et d’autres évènements. Des excréments ont même été tirés dans leur direction », a-t-il affirmé.

« Ces délinquants s’accaparent aussi les terrains de soccer en dehors des heures prévues, si bien que nous avons dû annuler des parties de soccer de jeunes enfants à deux occasions, car cette bande de délinquants refusait de quitter, insultaient et intimidaient nos surveillants. »

Il a assuré que l’arrondissement ne tolérerait plus de tels comportements et qu’il allait agir contre le manque de civisme de ces « individus malfaisants ».