La mairesse de Montréal s’est dite « exaspérée » par la distribution du Publisac par Postes Canada, ce mois-ci, malgré le règlement municipal qui l’interdit.

En conférence de presse jeudi, Valérie Plante a appelé la société fédérale à cesser sa collaboration avec Transcontinental et a demandé aux commerçants de boycotter ce produit publicitaire. Elle appelle aussi Ottawa à l’appuyer.

« Le modèle basé sur le gaspillage, on n’en veut pas à Montréal », a dit la mairesse. « Le gouvernement fédéral et Postes Canada : mettez vos culottes ! II faut que les messages [sur la transition écologique] suivent les actions. »

Montréal a adopté un règlement municipal interdisant à Transcontinental de distribuer son Publisac. Mais à la fin de l’été dernier, l’entreprise s’est tournée vers Postes Canada pour la distribution, puisque les sociétés d’État fédérales ne sont pas soumises aux règlements municipaux.

Mme Plante rejette l’argument de Postes Canada selon lequel la société d’État ne peut pas refuser d’acheminer du courrier. « Ce n’est pas vrai », a dit Mme Plante. « C’est une décision d’affaires. »

La mairesse de Montréal a tenu sa conférence de presse devant un camion chargé de 16 tonnes de papier. Cette quantité représente l’ensemble des Publisacs jetés au recyclage en une semaine pour le seul arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. C’est là que depuis deux semaines, Postes Canada et Transcontinental ont entrepris un « projet pilote » de distribution d’un Publisac sans plastique par les facteurs.

À Ottawa, jeudi, on réitérait la position de Postes Canada. « Postes Canada a l’obligation légale, en vertu de la Loi sur la Société canadienne des postes, d’accepter la livraison de tout courrier, sous réserve des règlements sur les articles non admissibles », a indiqué le cabinet de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Helena Jaczek, par courriel. En tant que société d’État, les décisions prises par Postes Canada de livrer ou de refuser de livrer le courrier de quartier sont assujetties à la Charte canadienne des droits et libertés et sont indépendantes du gouvernement fédéral. »

La déclaration ajoutait que « nous comprenons les enjeux concernant le Publisac ».

L’administration savait, accuse l’opposition

L’opposition officielle à l’hôtel de ville, pour sa part, reproche à l’administration municipale de ne pas avoir agi plus rapidement, alors qu’elle savait que la distribution par Postes Canada était une menace.

« Lors de la consultation publique en 2019, l’une des recommandations portées par les commissaires d’Ensemble Montréal était que l’administration devait s’asseoir avec Postes Canada pour s’assurer qu’il ne reprenne pas la distribution du Publisac et respecte l’esprit du règlement », a affirmé Stéphanie Valenzuela, porte-parole en matière d’environnement, dans un courriel.

Elle a continué : « Visiblement, Projet Montréal s’est tourné les pouces pendant trois ans et n’a pas réussi à négocier avec Postes Canada. Encore une fois, on se réveille avec un constat d’échec de Projet Montréal en matière de gestion du recyclage. »