Les ballots de papier sont si nombreux à s’accumuler au centre de tri de Lachine que Montréal a craint cet été qu’un incendie ne puisse s’y déclarer, selon des documents municipaux.

Ces documents confirment qu’un nouvel exploitant devrait prendre la relève au centre de tri d’ici à la mi-novembre, une fois que le conseil municipal aura donné son feu vert à la résiliation du contrat de l’exploitant actuel, Ricova.

Depuis des mois, l’entreprise est incapable d’écouler les ballots de recyclage – principalement du papier et du carton – qu’elle produit parce qu’ils sont de faible qualité. Les ballots s’accumulent donc à l’intérieur et à l’extérieur du centre de tri, en quantité telle que Ricova a évoqué la possibilité de cesser complètement le tri à Lachine.

En juillet dernier, « les matières s’accumulaient à l’intérieur du bâtiment parfois au-delà du système de gicleurs », notent les fonctionnaires municipaux dans les documents remis aux élus du conseil municipal. Ils ont fait parvenir une mise en demeure à Ricova afin qu’elle corrige la situation.

« Il était donc urgent d’agir d’autant plus qu’en 2021, deux incendies étaient survenus », continue le document. Les centres de recyclage sont très vulnérables aux incendies causés par les batteries au lithium. Un tel objet peut exploser en passant dans la machinerie de la chaîne de triage et embraser les matières recyclées.

Ricova n’a pas commenté ces informations, vendredi.

Un remplaçant d’ici à la mi-novembre

Ces documents ont été remis aux élus du conseil municipal de Montréal parce que l’administration veut les convaincre de voter pour la résiliation du contrat de Ricova. Valérie Plante et son équipe proposent de donner au directeur du service de l’environnement de la Ville – un fonctionnaire – le droit de prendre cette décision au moment qu’il jugera opportun, d’ici au 14 novembre 2022.

« Ricova pourrait cesser les opérations à tout moment et prendre au dépourvu la Ville face à la gestion des matières recyclables à Lachine », avertit la Ville.

Les élus montréalais se prononceront sur ce dossier lundi ou mardi, mais comme l’administration détient la majorité au conseil municipal, le sort de Ricova est scellé.

« Face au risque sérieux et imminent d’un arrêt des activités du centre de tri, la Ville a agi rapidement pour dénouer la situation », a déclaré la responsable de l’environnement de Valérie Plante. « Les discussions sont actuellement en cours avec Ricova sur les modalités de la transition des opérations et l’entreprise offre sa collaboration dans la démarche. La collecte du recyclage est un service essentiel et tout est mis en œuvre pour assurer la continuité des opérations à Lachine. »

Environ 60 % des bacs verts des Montréalais aboutissent au centre de tri de Lachine.

C’est la Société VIA, un organisme à but non lucratif d’insertion en emploi de personnes handicapées, qui devrait prendre le relais au centre de tri de Lachine. VIA exploite déjà quatre installations semblables, quoique beaucoup plus petites (Québec, Lévis, Saguenay et Rivière-du-Loup).

« C’est un grand sentiment de fierté qui nous habite aujourd’hui, a indiqué le grand patron de VIA, Jean-Sébastien Daigle. En plus d’assurer la continuité des opérations du centre de tri de Lachine, Société VIA participera à la création de nouveaux emplois adaptés dans la région de Montréal. »