Un gestionnaire municipal de la Ville de Montréal et un homme d’affaires ont été arrêtés mercredi par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et devront faire face à des accusations de corruption et d’abus de confiance.

Le patron de la division des permis et inspections de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Sadek Lazzouzi, est soupçonné d’être illégalement intervenu en faveur de l’homme d’affaires Tinel Timu dans un dossier de non-conformité aux règlements municipaux.

M. Timu, pour sa part, a « tenté de corrompre des employés de l’administration municipale montréalaise afin d’obtenir des avantages indus », selon le communiqué de l’UPAC. L’une de ses employées, Elena Cristina Abrudan, serait impliquée, toujours selon le corps de police. Elle est visée par la même accusation.

« La diligence des employés de la Ville de Montréal à dénoncer le stratagème, dont les actes ont été constatés de septembre 2021 à février 2022, a permis aux enquêteurs de l’UPAC d’agir rapidement dans ce dossier », rapporte l’UPAC.

Les trois accusés risquent chacun jusqu’à cinq ans de prison.

Propriétaire de « 700 logements »

M. Timu est un promoteur immobilier actif dans le Grand Montréal. En 2019, un jugement de la Cour du Québec rapportait que l’homme « contrôle un nombre important de personnes morales qui sont propriétaires d’un parc immobilier important constitué principalement d’immeubles à logements résidentiels ». L’homme disait « être propriétaire de plus de 700 logements résidentiels », selon la décision judiciaire.

Ces dernières années, ses projets de redéveloppement à Laval, à Châteauguay et à Terrebonne ont été couverts par les médias locaux. En 2014, il avait été expulsé d’une séance du conseil municipal de Terrebonne pour être intervenu avec véhémence contre l’administration municipale.

« Je sais de qui on parle »

M. Lazzouzi est titulaire d’une maîtrise en architecture. En 2020, il occupait un poste de chef de division à l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.

Le syndicat des cols blancs de Montréal a rapporté qu’il n’avait pas été informé avant mercredi des allégations contre M. Lazzouzi (un cadre), mais que le climat de travail était problématique dans ce service, selon la présidente du syndicat. « Je sais de qui on parle », a dit Guylaine Dionne, faisant référence à M. Lazzouzi. « Je vais pousser l’enquête plus loin pour savoir si ça a touché mes cols blancs, de près ou de loin. »

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on a salué le travail de l’UPAC.

« L’administration a collaboré et agi rapidement dès qu’elle a été mise au courant de la situation », a indiqué l’attachée de presse Marikym Gaudreault. « L’administration continue sa bonne collaboration et s’assure d’appliquer sa politique de tolérance zéro. »

M. Timu n’a pas rappelé La Presse. Il n’a pas été possible de joindre M. Lazzouzi.