Alors que Montréal cherche à grossir ses effectifs policiers, certains agents doivent assurer la sécurité des enfants qui traversent les rues aux abords des écoles parce qu’on peine à recruter des brigadiers scolaires.

Dans les rues de la métropole, il n’est pas rare de voir un policier en uniforme faire traverser des enfants qui se rendent à l’école ou en reviennent. C’est que la pénurie de brigadiers scolaires touche tous les postes de quartiers de Montréal, dit Marc Babin, président du syndicat des brigadiers de Montréal.

« Lorsqu’il n’y a pas de surnuméraires, on ne peut pas remplacer le permanent qui est parti, donc automatiquement, on met un policier à la place du brigadier », explique M. Babin.

Qui sont ces agents appelés à remplacer les brigadiers ? « Ce sont des policiers qu’on est obligés d’enlever de la réponse aux appels pour les placer là », explique l’agent Manuel Couture, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

L’agent Couture rappelle que les passages d’écoliers sont « une priorité » pour le SPVM.

Ça prend quelqu’un aux coins de rue, sinon il risque d’y avoir des collisions et on ne veut surtout pas ça, un enfant qui se fasse frapper.

Manuel Couture, porte-parole du SPVM

Si un brigadier permanent doit s’absenter, on fait appel à un remplaçant. Or, des brigadiers surnuméraires, il n’y en a presque plus, dit le président du syndicat des brigadiers de Montréal. Il cite en exemple le quartier Ahuntsic, dans le nord de Montréal, qui n’en a aucun pour remplacer l’un ou l’autre des 38 brigadiers.

C’est là que les policiers du SPVM sont appelés en renfort. Lundi dernier, par exemple, cinq intersections du poste de quartier 35, dans La Petite-Patrie, étaient sans brigadiers, ce qui a mobilisé autant de policiers.

Combien d’heures par année les policiers du SPVM consacrent-ils à cette tâche ? « C’est très difficile de ventiler un nombre d’heures », dit d’emblée Manuel Couture, porte-parole du SPVM.

Ce ne sont pas des policiers qui sont affectés [uniquement] à ça. C’est la personne qui peut, à ce moment-là, qu’on va mettre au coin de la rue.

Manuel Couture, porte-parole du SPVM

Il reconnaît néanmoins que « le citoyen qui voit ça ne comprend pas pourquoi un policier fait traverser les élèves ».

À la Ville de Montréal, on indique que les efforts de « recrutement intensif » de brigadiers se poursuivent.

La Ville emploie 565 brigadiers. « De ce nombre, 533 sont aptes à travailler (32 en arrêts maladie, congé, etc.). Quant à l’affectation des ressources sur le terrain et à l’encadrement opérationnel, cela relève du SPVM », écrit Gonzalo Nunez, relationniste pour la Ville de Montréal.

Un salaire de 20 $ l’heure

Le président du syndicat des brigadiers de Montréal, Marc Babin, dit qu’il trouve « comique » la comparaison entre un salaire de brigadier et celui d’un policier qui fait le même travail.

« Les brigadiers gagnent 20,01 $ de l’heure. C’est sûr qu’un policier gagne pas mal plus cher », dit-il en riant. Les membres de son syndicat sont souvent âgés de 60, 70 ou même 80 ans, précise-t-il.

La majorité des brigadiers, explique M. Babin, travaillent 20 heures par semaine, à raison d’environ quatre heures par jour, réparties le matin, le midi et le soir.

En excluant les congés scolaires, un brigadier gagne environ 16 000 $ par année. En raison de la pénurie, des brigadiers obtiennent leur permanence après aussi peu que deux mois de travail.

C’est le salaire montréalais.

À certains endroits, comme à Boisbriand, dans les Laurentides, on annonce ces jours-ci qu’on cherche des brigadiers payés 29,58 $/h, « incluant une majoration de 15 % pour les bénéfices marginaux ».

À Laval aussi, on fait parfois appel à des policiers pour faire traverser les enfants à l’un ou l’autre des 86 passages d’écoliers de la ville.

« Il est possible que, dans une situation d’urgence, lors de laquelle un brigadier n’a pas pu se déplacer à sa traverse et qu’aucun brigadier réserviste ne pouvait s’y rendre également, une présence policière soit demandée sur les lieux », dit l’agente Erika Landry, du Service de police de Laval.

À Longueuil, où on a besoin de 104 brigadiers scolaires, on indique avoir « majoritairement » les effectifs nécessaires. S’il manque un brigadier à un endroit, ce sont les « préposés à la réglementation » qui prennent le relais, « mais il peut arriver que des policiers y soient aussi assignés », nous dit-on au Service de police de l’agglomération de Longueuil.

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    Nombre de passages d’écoliers à Montréal
    Source : Ville de Montréal