Une nouvelle escouade vouée à la lutte contre les violences armées du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sera déployée dès le début de septembre. L’équipe du projet ARRET – pour action, répression, résolution, engagement et terrain – comptera au total 68 policiers qui seront « entièrement dégagés » de la patrouille quotidienne.

C’est le corps policier qui a confirmé ces nouveaux détails, mardi matin, quelques jours après que La Presse a révélé la création imminente de cette nouvelle équipe, une décision prise dans la foulée de la multiplication des évènements de violence armée dans la métropole et, plus récemment, de deux meurtres commis dans un intervalle de 30 minutes dans la métropole.

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Dans un communiqué, le SPVM précise que l’équipe en question « pourra être déployée partout sur l’ensemble du territoire où doit être menée une action contre la violence armée ». On ignore combien de temps l’unité sera en fonction, le projet ARRET étant pour l’instant « d’une durée indéterminée ».

« Elle aura pour mission de perturber les activités des groupes criminels violents en occupant le terrain, en collectant des renseignements et en intervenant directement auprès de leurs membres », indiquent aussi les autorités, précisant que l’objectif premier est d’« accentuer la pression sur les éléments criminels à l’origine des évènements violents », en rehaussant le « sentiment de sécurité » de la population.

Les patrouilleurs prenant part au projet seront « entièrement dégagés de la réponse aux appels et pourront mettre à profit leur connaissance du terrain, leur expertise en enquête et en renseignement », insiste la police de Montréal, qui dit aussi avoir procédé dès vendredi dernier à une « bonification temporaire » des ressources et des effectifs de l’escouade ECLIPSE, le groupe de choc du SPVM affecté aux points chauds de la ville.

À qui la facture ?

Plus tôt, jeudi, La Presse avait révélé que le SPVM assumera pour le moment les coûts de la nouvelle unité. Le cabinet de la ministre Geneviève Guilbault a dit mardi accueillir favorablement l’arrivée de la nouvelle unité, tout comme de « toute opération visant à réduire la violence dans nos quartiers ».

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Sophie Roy, directrice générale par intérim du SPVM

Cohortes de l’École nationale de police du Québec destinées exclusivement au SPVM, rappel de policiers retraités, formation de nouvelles unités ou renforcement d’unités existantes : la direction de la police de Montréal étudie également différentes mesures pour faire face aux violences armées dans la métropole.

« Ce qu’il se passe présentement sur l’île de Montréal nous challenge énormément. Ce sont de nouveaux défis, donc ça prend de nouveaux moyens et de nouvelles façons de faire. On a formé un comité d’experts au SPVM, avec une variété d’expertises, et je leur ai dit : “Il faut penser outside the box” », avait expliqué Mme Roy en entrevue.

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Valérie Plante, mairesse de Montréal

Appelé à réagir, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a souligné mardi que cette nouvelle initiative « témoigne des efforts sans précédent de [son] administration et du SPVM pour lutter efficacement contre la violence armée ».

Mercredi dernier, en conférence de presse, Mme Plante avait envoyé un message direct au milieu criminel. « Montréal ne va pas devenir le terrain de jeu des criminels. C’est non. Mais ça demande de l’énergie et des effectifs », avait-elle dit, soutenant avoir « demandé une solution à la source et adaptée à Montréal » à l’École nationale de police pour arriver à « recruter plus d’effectifs » policiers dans les prochains mois.

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La mairesse vise également à « maximiser les escouades mixtes et à donner plus d’oxygène aux policiers ». Avec l’aide de Québec et d’Ottawa – qui est non chiffrée, comme tous les autres engagements –, la Ville entend enfin « augmenter les ressources dans les arrondissements » et les postes de quartier.

Lors d’un échange avec Justin Trudeau mercredi dernier, Mme Plante affirme avoir réitéré la nécessité de « bannir les armes de poing » le plus rapidement possible, et de s’attaquer au phénomène des « armes fantômes », produites avec des imprimantes 3D. « Il faudrait que les peines données soient décourageantes », a aussi plaidé la mairesse, ajoutant que les peines bonbons « envoient un message comme quoi quelques mois en prison, on peut s’en sauver et faire pas mal d’argent ».

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse