Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) lancera, à compter de ce soir, une importante opération de visibilité et de répression pour lutter contre les violences armées, a appris La Presse.

Dès jeudi soir, les effectifs de l’escouade Éclipse seront bonifiés, et les membres de cette unité spécialisée dans la surveillance des établissements licenciés, la collecte de renseignements et les interpellations seront plus présents sur le territoire montréalais a confirmé une source à La Presse.

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D’autres sources nous ont également indiqué que le SPVM s’apprêterait à réaffecter des effectifs, ce qui déboucherait éventuellement sur la création, dans les prochains jours, d’une nouvelle escouade dédiée exclusivement à la lutte contre les violences armées.

D’après nos informations, cette nouvelle escouade serait composée d’une cinquantaine de policiers, ce que n’a toutefois pas voulu confirmer la direction du service.

« La réponse aux violences armées sera importante », nous a-t-on simplement indiqué.

Pour le moment, le SPVM assumerait les coûts de ces nouveaux efforts, mais on nous dit que la directrice par intérim du SPVM, Sophie Roy, serait actuellement en discussion avec la Ville de Montréal et le ministère de la Sécurité publique.

Au cabinet de la ministre Geneviève Guilbault, on nous a répondu qu’aucune annonce n’était prévue jeudi.

La Presse a par ailleurs appris que les membres de l’escouade Éclipse participeront également à une importante opération de visibilité et de collecte de renseignements mise de l’avant dans le cadre de la stratégie québécoise de lutte contre les armes à feu Centaure, en fin de semaine.

Plus de 100 policiers de la Sûreté du Québec, du SPVM, de la Gendarmerie royale du Canada, du Service de police de Laval, du Service de police de l’agglomération de Longueuil et de plusieurs autres corps de police municipaux participeront à cette opération qui se fera sous la direction de la SQ et qui aura lieu à Montréal, sur les couronnes nord et sud, et ailleurs au Québec.

Les retraités à la rescousse

En entrevue jeudi matin à La Presse, Sophie Roy, n’a pas parlé de ces nouvelles mesures qui seront mises en place dès jeudi soir, mais elle en a évoqué d’autres à moyen et à long terme visant à faire face aux violences armées qui secouent Montréal.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Sophie Roy, directrice par intérim du SPVM

Cohortes de l’École nationale de police du Québec destinées exclusivement au SPVM, rappel de policiers retraités, formation de nouvelles unités ou renforcement d’unités existantes : la direction du SPVM étudie différentes mesures pour faire face aux violences armées dans la métropole.

« C’est sûr que ce qu’il se passe présentement sur l’île de Montréal nous challenge énormément. Ce sont de nouveaux défis, donc ça prend de nouveaux moyens et de nouvelles façons de faire. On a formé un comité d’experts au SPVM, avec une variété d’expertises, et je leur ai dit : “Il faut penser outside the box (hors des sentiers battus)” », a déclaré Sophie Roy.

Depuis plusieurs mois, la Fraternité des policiers et policières de Montréal déplore un manque d’effectifs au SPVM. À ce sujet, Mme Roy a dit avoir communiqué avec les autorités de la Ville de Montréal jeudi matin pour vérifier de quelle façon le rappel de policiers retraités pourrait être facilité.

Ceux-ci pourraient être rappelés « dans des situations ponctuelles », explique Mme Roy, comme par exemple pour certains services d’ordre, pour des projets précis ou pour combler les absences dues aux vacances estivales.

Selon elle, toutefois, le rappel de policiers retraités ne pourrait se faire réellement avant l’été 2023.

Attirer les recrues

L’embauche de policiers recrues est également un problème actuellement au SPVM.

Jeudi après-midi, Mme Roy devait également discuter avec les responsables de l’École nationale de police du Québec (ENPQ) pour étudier la possibilité de créer des cohortes de nouveaux candidats policiers destinées exclusivement au SPVM ou accroître le nombre de candidats-policiers pour en faire bénéficier le Service de police de la Ville de Montréal.

« On veut voir comment on peut hausser le nombre d’embauches pour le service de police. Est-ce que ce serait des cohortes exclusives, des cohortes supplémentaires qu’on ajouterait au bassin déjà actuel de l’École nationale de police ? Cela reste à déterminer. L’ENPQ a une grande ouverture pour aider le SPVM. Ils sont conscients de la situation que l’on vit sur le territoire », a indiqué Mme Roy.

La directrice par intérim du SPVM n’a pas exclu que la lutte contre les violences armées se fasse également sur d’autres fronts, telle la lutte contre les fraudes ou le recyclage des produits de la criminalité, en collaboration avec d’autres partenaires.

Il faut absolument s’attaquer au pouvoir d’achat des groupes criminels. Cela demande une collaboration de toutes les entités, et je ne parle pas juste de la police, je parle aussi du système de justice et de tous les partenaires qui travaillent avec le service de police. Il y a des réflexions qui se font. On ne peut pas demeurer dans le statu quo.

Sophie Roy, directrice par intérim du SPVM

« Nos policiers ont eu de très grands résultats au cours des derniers mois, mais nous sommes préoccupés par ce qui se passe sur le territoire, parce que cela affecte grandement le sentiment de sécurité de la population », a soulevé la directrice par intérim.

« C’est une priorité pour nous parce que c’est très personnel. Ça vient nous chercher dans nos quartiers, près de nos écoles, dans nos valeurs aussi. Les policiers prennent tous les moyens. Ils sont dédiés mais ils ont besoin du support de la population et d’être entendus. Ils ne baisseront pas les bras s’ils ressentent ce support et la contribution de tout le monde », a conclu Mme Roy.

Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse

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