La surpopulation des cerfs arrive à un point critique au parc Michel-Chartrand de Longueuil, où on en compte maintenant plus d’une centaine. La mairesse Catherine Fournier se dit « forcée » de réviser son intervention. Malgré une poursuite en cours, un permis sera demandé au gouvernement Legault afin d’effectuer « une chasse contrôlée » des cerfs, sans l’usage d’armes à feu.

On compte actuellement 108 cerfs dans le parc, dont la capacité d’accueil est plutôt de 10 à 15 de ces animaux, selon le dernier dénombrement du ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs (MFFP). Selon la Ville, cette surpopulation fragilise « l’équilibre écologique » du parc, et permet la prolifération de la tique porteuse de la maladie de Lyme, en plus de causer des accidents et des dommages aux résidences.

La situation « nous force à réviser à la fois le mode d’opération et notre objectif d’intervention pour agir le plus rapidement possible, par une méthode plus adaptée à ces nouvelles données », a expliqué mercredi la mairesse Catherine Fournier.

Selon les chiffres de la Ville, la centaine de cerfs représentent un bond de 50 % par rapport à l’an dernier, et de 238 % par rapport à 2017. Qui plus est, comme les données ont été produites avant la période de reproduction du printemps 2022, « le nombre de cerfs actuel est assurément encore plus élevé, la population de cervidés ayant tendance à croître de façon exponentielle », notent les autorités.

Une chasse contrôlée par arbalète

Plus tôt la semaine dernière, la mairesse a officiellement mandaté le comité exécutif pour déposer une demande de permis au MFFP afin « d’effectuer une chasse contrôlée des cerfs de Virginie dans le parc – sans armes à feu ». La Ville juge qu’il s’agit d’une méthode d’intervention « plus adaptée aux nouvelles données concernant le cheptel » et « plus efficace » que la technique de capture et euthanasie. Le tout se fera cet automne, mais « à divers intervalles ».

La Direction générale de la Ville a aussi été mandatée « d’élaborer un plan d’intervention complet requis à cette fin, comprenant tous les volets d’une telle opération », dont les enjeux « techniques, sécuritaires, environnementaux, de sensibilisation et d’information aux citoyens », explique Mme Fournier.

Son cabinet précise que la chasse contrôlée sera gérée par une autorité compétente, fort probablement « par arbalète ». « Des autorisations seront aussi administrées à des chasseurs expérimentés pour abattre les bêtes à l’intérieur d’une période indiquée à définir », souligne l’attachée de presse, Camille Desrosiers-Lafrenière.

Devant les tribunaux

Il s’agit d’un nouveau chapitre dans cette saga qui fait couler beaucoup d’encre à Longueuil. En juin, la Ville avait plutôt annoncé son intention de suspendre l’abattage d’une soixantaine de bêtes prévue l’automne prochain, le temps qu’un tribunal tranche un litige à ce sujet. Un recours a été déposé en mai par l’avocate Anne-France Goldwater, qui représente l’organisme Sauvetage Animal Rescue, afin de suspendre l’euthanasie des bêtes, qui a été recommandée par un expert.

Mme Goldwater a en effet sévèrement critiqué la décision de Longueuil, la qualifiant carrément de « massacre ». « C’est de la cruauté. En gros, on veut assassiner Bambi alors qu’il y a plusieurs autres solutions sur la table », avait-elle dit à La Presse.

« Vu l’urgence de la situation […] et malgré les processus juridiques en cours, c’est important d’aller de l’avant », a dit mercredi la mairesse Fournier, dont l’administration a étudié « toutes les options ». Une table de concertation avait d’ailleurs également recommandé l’euthanasie des animaux, jugeant la relocalisation trop risquée pour le bien-être animal.

Le vice-président du comité exécutif de Longueuil, Jonathan Tabarah, a précisé mercredi que « les détails du plan d’intervention complet, incluant les détails sur les séances de chasses permises, la fréquence, le nombre de chasseurs autorisés et répartis sur le site, le mode de chasse, les fermetures ponctuelles du parc ainsi que le déploiement des mesures de sécurité, seront communiqués au début de l’automne ». La distribution de la viande à une banque alimentaire est toujours prévue.

« Si on ne fait pas quelque chose rapidement, le parc, c’est bien dommage, mais on va le perdre. Il faut prendre des mesures le plus vite possible », a insisté M. Tabarah, en ajoutant qu’il s’agit aussi d’un enjeu de survie de la biodiversité locale.