Au Québec, qui dit printemps, dit nids-de-poule. Mais cette année, leur nombre a été particulièrement élevé à Montréal, au point où la Ville compte maintenant augmenter son budget dédié à leur colmatage, qui est jugé « insuffisant » pour boucher tous les trous dans la chaussée.

Dans des documents rendus publics vendredi, l’administration Plante indique en effet que « l’état actuel du réseau requiert une troisième opération en avril 2022 », mais que « le budget disponible pour les ententes-cadres octroyées ne permet pas de faire la troisième opération de colmatage ».

Un vote sera donc soumis aux élus lors de la prochaine séance du conseil municipal, prévue lundi prochain, afin de « majorer » le montant total des huit ententes-cadres accordées à l’entreprise Environnement Routier NRJ inc, qui effectue le colmatage des nids-de-poule pour le compte de la Ville. Les dépenses municipales passeraient ainsi d’un peu plus de 2,9 millions à 3,4 millions de dépenses, taxes incluses, soit une hausse de près de 15 % par rapport à la valeur initiale.

Jusqu’ici, deux opérations de colmatage ont eu lieu dans la métropole. La première s’est échelonnée sur près de deux semaines, entre le 9 février et le 8 mars dernier. « Malheureusement, l’opération a dû s’arrêter à plusieurs reprises en raison de la température », note la Ville dans un sommaire décisionnel, précisant qu’une deuxième opération a ensuite eu lieu sur 12 jours, du 9 au 22 mars.

Malgré cette hausse budgétaire, la Ville ne prévoit pas pouvoir « faire une opération à 100 % couvrant l’ensemble du territoire », mais plutôt « environ 85 % ». Tous les arrondissements ont donc été « sollicités en parallèle via leurs effectifs afin de pouvoir compléter la troisième opération », indique-t-on.

Ne pas « pénaliser les résidents »

Les autorités préviennent par ailleurs que « si la majoration de la dépense est reportée à une date ultérieure, la troisième opération de colmatage pourra être complétée à environ 25 % ». « Plusieurs rues comportant des nids-de-poule ne pourront faire l’objet de colmatage et engendreront plusieurs problèmes de circulation jusqu’à la décision des instances et va pénaliser ainsi les résidents », s’inquiètent-elles.

Dans les secteurs fortement densifiés comme Ville-Marie, la majorité des travaux sont effectués de nuit pour ne pas nuire à la circulation. Durant la saison froide, les opérations de colmatage des nids-de-poule sont tributaires des opérations de déneigement et des conditions météorologiques. Il n’est en effet pas possible de colmater quand la chaussée est recouverte de neige ou lorsque le mercure atteint -10 degrés et moins.

En mars, le cabinet de Valérie Plante avait assuré « prendre très au sérieux la situation des nids-de-poule ». « Nous avons prévu une somme majeure de 4,8 milliards au PDI 2022-2032 pour rattraper l’écart creusé depuis des années par le manque d’investissements dans le réseau routier, écart qu’on tente de rattraper depuis notre premier mandat », avait alors soutenu l’attachée de presse, Marikym Gaudreault.

Dans les rangs de l’opposition officielle, le chef Aref Salem avait toutefois fait valoir que « la multiplication du nombre de nids-de-poule dans les rues de Montréal n’est pas surprenante ». Ce phénomène, accuse-t-il, est plutôt « le résultat des coupes de 100 millions de dollars de l’administration de Projet Montréal dans la réfection des rues locales ». Les investissements pour l’asphaltage et la réhabilitation des rues sont passés de 258 millions en 2018 à 104 millions en 2020 sous l’administration Plante.