Un budget oscillant entre 5,8 et 6,4 milliards sera finalement consacré au prolongement de la ligne bleue, qui fait l’objet d’engagements gouvernementaux depuis plus de 30 ans. Les autorités estiment que cette fois est la bonne, alors que des économies d’environ 1,1 milliard ont été dégagées. Mais il faudra attendre à 2029.

C’est ce qu’ont confirmé la ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et le ministre canadien du Patrimoine et lieutenant pour le Québec, Pablo Rodriguez, lors d’une conférence de presse conjointe en après-midi. « Je vous assure que cette fois-ci, c’est la bonne. Ça fait trop longtemps que les citoyens de l’Est l’attendent et la patience a évidemment ses limites. […] Le temps est venu de se mettre à l’ouvrage », a soulevé Mme Rouleau.

Le gouvernement Legault versera dans un premier temps 577 millions de dollars au comptant, puis d’autres sommes s’ajouteront par la suite. Ottawa, de son côté, a déjà annoncé injecter 1,3 milliard dans le projet. L’échéancier final de livraison du prolongement est toutefois à nouveau repoussé, maintenant fixé à 2029.

En avril, Québec, qui était alors inquiet de l’augmentation « pas acceptable » des coûts liés au prolongement de la ligne bleue, avait mis sur pied un groupe d’action qui aurait pour mandat de déterminer en trois mois la meilleure stratégie pour réaliser le projet dans les temps et en respectant le budget.

Jusqu’ici, le bureau de projet de la ligne bleue estime avoir dégagé jusqu’à 1,1 milliard d’économies dans les derniers mois, dont la construction de la station Anjou sous l’Autoroute 25 et non à l’ouest, comme il était initialement prévu, afin de minimiser les expropriations qui devront être faites aux Galeries d’Anjou. « Les membres du groupe ont fait preuve d’un travail remarquable. Je considère que c’est mission accomplie », a dit Mme Rouleau à ce sujet.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

« Je vous assure que cette fois-ci, c’est la bonne. Ça fait trop longtemps que les citoyens de l’Est l’attendent et la patience a évidemment ses limites. […] Le temps est venu de se mettre à l’ouvrage », a soulevé Chantal Rouleau.

À ses côtés, la mairesse Plante a toutefois rappelé qu’il faudra aller plus loin, Montréal demeurant « en mode rattrapage » en transport collectif. « Depuis 1988, aucune station n’a été inaugurée sur l’île de Montréal. 34 ans, c’est long longtemps ça. À travers le monde, les autres grandes métropoles ont développé en continu leur transport collectif. […] Il faut continuer à investir et développer le réseau », a-t-elle dit, alors que des différends existent toujours entre CDPQ Infra et son administration sur le REM de l’Est.

Son administration allongera 300 millions pour soutenir l’aménagement urbain autour du tracé. Mme Plante estime qu’entre 12 000 et 13 000 logements pourront être construits le long du tracé. On ignore encore quelle sera la répartition de ces logements, par types ou par localisation. « On est en train de livrer un patrimoine pour la mobilité durable à Montréal », a réagi le président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM), Éric Alan Caldwell, en parlant d’un futur « puissant levier de développement social et économique ».

Un tunnelier à venir

Québec prévoit lancer dans les prochains mois, voire les prochaines semaines, un « avis de qualification » pour l’utilisation d’un tunnelier, afin de creuser le tunnel du métro qui reliera Anjou à Saint-Michel. Il faudra environ 18 mois pour lancer les travaux avec le tunnelier, une fois que l’appel d’offres sera réalisé.

Une série de mesures seront aussi prises pour réduire les coûts, dont la réduction du nombre d’ascenseurs, d’escaliers mécaniques ou d’édicules secondaires, comme l’avait recommandé le groupe de travail l’été dernier. Le scénario demeure toutefois très similaire, à cinq stations sur six kilomètres, même si une hypothèse à quatre stations avait circulé en éliminant la station Viau. Cette option n’a finalement pas été retenue. Aller de la station Jean-Talon à la station Anjou prendra donc 15 minutes, en moyenne.

Le stationnement incitatif sera aussi retiré à Anjou, pour dégager d’autres économies importantes. Deux terminus additionnels de bus seront toutefois construits le long de la ligne de métro. Une interconnexion est aussi prévue avec le SRB Pie-IX et le REM de l’Est. Le centre commercial Le Boulevard, à l’intersection de Jean-Talon et de Pie-IX, pourra maintenir ses opérations, mais sera redéveloppé.

À ce jour, le « budget maximal » prévu pour le projet est de 6,4 milliards. Un « ajustement » de 600 millions est prévu en fonction des taux d’intérêt et d’indexation « dans le contexte de la surchauffe du marché et de l’inflation ». Une vingtaine de sites devraient faire l’objet d’expropriations. Sur cette vingtaine de sites-là, 30 % des acquisitions sont déjà complétées, pendant que 50 % des acquisitions sont « en cours ». Le 20 % restant est à venir.

« Le prolongement de la ligne bleue, ça veut dire plus de temps en famille. On va courir moins pour préparer le souper en revenant du travail », a de son côté soulevé Pablo Rodriguez, en soulignant que ce nouveau tronçon permettra peut-être même à des Montréalais « de ne plus avoir de voiture ».

Dans les rangs de l’Opposition montréalaise, le chef Aref Salem a applaudi « un pas dans la bonne direction pour cet important projet de transport collectif », en déplorant toutefois « l’immobilisme de l’administration Plante qui n’a pas exercé un contrôle serré sur l’avancement du projet auprès de la STM ». « Il aura fallu que le gouvernement du Québec reprenne le dossier en main pour qu’il avance enfin », a-t-il fustigé.

En juin 2019, Québec avait approuvé un budget de 4,5 milliards pour le prolongement de la ligne bleue. Une annonce officielle avait même eu lieu en juillet 2019, avec le premier ministre Justin Trudeau. Mais la facture n’avait cessé de gonfler depuis, en raison du coût des expropriations.

En savoir plus
  • Au total, plus de 25 000 usagers utiliseront le nouveau tronçon de la ligne bleue en heure de pointe et 5300 automobilistes seront ainsi retirés de la route, selon les estimations des autorités.
    bureau de projet de la ligne bleue