Si rien n’est encore défini pour les employés municipaux, l’administration Plante entend bel et bien imposer la vaccination obligatoire pour les élus montréalais qui siégeront au conseil municipal après les élections. Une directive en ce sens doit être adoptée par le conseil exécutif de la Ville dans les prochains jours.

« Les aspirants élus municipaux sont tenus de montrer l’exemple. C’est pourquoi tous les élus devront être en mesure de montrer leur passeport vaccinal lors des prochaines séances du conseil municipal », a en effet confirmé la mairesse sortante, Valérie Plante, dans une courte déclaration vendredi, en réaction à un article de Radio-Canada qui avait d’abord révélé la nouvelle.

La mesure devra toutefois faire l’objet d’un vote au conseil municipal avant d’être officiellement mise en application. Ainsi, l’exigence d’une preuve vaccinale pour les élus ne devrait donc pas entrer en vigueur avant la fin de l’année, car, campagne électorale oblige, aucune séance du conseil n’est prévue ce mois-ci à Montréal.

À Québec, le passeport vaccinal obligatoire est déjà une réalité pour les élus de l’Assemblée nationale. Fin septembre, les caquistes et les libéraux, qui sont majoritaires, avaient en effet voté pour l’implantation d’une telle mesure. Les solidaires et les péquistes, eux, s’y étaient opposés, soulignant qu’aucune recommandation de la Santé publique n’allait en ce sens jusque-là.

Propos « complotistes » et « islamophobes »

Sur Twitter vendredi, la mairesse s’en est aussi prise plus directement aux « propos complotistes, antisémites et islamophobes tenus par plusieurs candidats de Mouvement Montréal [qui] ne sont pas acceptables ». « Je les dénonce fermement. Balarama Holness et Marc-Antoine Desjardins doivent faire preuve de leadership et gérer leur caucus », a-t-elle ajouté.

Mme Plante faisait ainsi référence à Rita Ikhouane, qui a partagé par le passé des contenus contre les mesures sanitaires et qui n’est pas adéquatement vaccinée contre la COVID-19, mais aussi à Marc-André Bahl, qui a notamment soutenu sur sa page Facebook que « l’islamophobie n’est pas du racisme ».

Joint par La Presse à ce sujet, Balarama Holness a soutenu vendredi que M. Bahl « n’est plus membre de Mouvement Montréal, parce qu’il reflète la culture d’un autre parti politique qui s’est joint à nous », soit Ralliement pour Montréal, qui a fusionné avec ses troupes à la fin de septembre.

« C’est un homme que je n’ai jamais rencontré. Il est venu avec nous dans la foulée de ce qui s’est passé, mais il n’est plus candidat. Ce sera son choix d’être indépendant ou non », a affirmé M. Holness.

Quant à Rita Ikhouane, elle ne sera invitée à aucun évènement public, a assuré le chef. « Tout le monde dans nos évènements a besoin de sa preuve vaccinale », comme l’exige la loi, a-t-il insisté. « Cela dit, les gens méritent d’évoluer dans leurs idées. On doit les soutenir, pas les marginaliser. C’est un signe pour les autres qui sont sceptiques du vaccin qu’on peut éduquer la population pour que tout le monde soit vacciné », a souligné Balarama Holness.

Coderre favorable

À Montréal, le candidat à la mairie Denis Coderre s’était dit jeudi favorable à la vaccination obligatoire pour tous les employés de la Ville de Montréal – ils sont environ 28 000 –, une mesure que défend aussi Balarama Holness. « Je crois en la vaccination obligatoire. C’est l’affaire de tous. Tout le monde devrait être vacciné », avait soutenu M. Coderre.

En réagissant à ces propos, la mairesse Plante avait d’abord plaidé que son approche serait responsable. « Depuis le début de la COVID, on travaille de façon responsable, pragmatique et de concert avec la Santé publique. Moi, je ne sors pas une décision de mon chapeau, comme ça, sans qu’elle soit connectée avec les gens qui ont une expertise », avait-elle lancé.

La mairesse avait ensuite indiqué que son administration avait « plusieurs scénarios prêts si le gouvernement du Québec décidait par exemple que les travailleurs essentiels, les pompiers, les policiers ou les premiers répondants devaient être vaccinés ». « On est prêts à aller de l’avant, mais il faut que ce soit fait de façon cohérente », avait-elle insisté, disant refuser de « politiser ce dossier ».

« Il faut aussi penser aux conséquences de promettre la vaccination obligatoire des employés municipaux. C’est irresponsable de promettre quelque chose, sans consultation, qui pourrait mener à une rupture de services, notamment des premiers répondants », a d’ailleurs précisé Mme Plante vendredi.