La mairesse d’arrondissement Sue Montgomery vient de gagner une bataille dans la guerre qui l’oppose à l’hôtel de ville de Montréal et paralyse Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce depuis des mois.

Mme Montgomery, élue en 2017, est engagée dans un bras de fer depuis qu’un rapport du contrôleur général de la Ville a conclu, l’an dernier, que sa directrice de cabinet avait harcelé psychologiquement deux employés. Mme Montgomery refuse ces conclusions et se bat pour obtenir une copie intégrale du rapport.

La situation a dégénéré au point de mener à son départ de Projet Montréal et à en faire une farouche adversaire de la mairesse Valérie Plante. Mme Montgomery a aussi tenté de suspendre le plus haut fonctionnaire de l’arrondissement, impliqué dans les allégations.

La Ville de Montréal et Mme Montgomery s’étaient adressées à la Cour supérieure dans le contexte de ce conflit : la Ville voulait empêcher la directrice de cabinet de Mme Montgomery de communiquer avec des fonctionnaires de l’arrondissement, alors que la mairesse d’arrondissement voulait notamment obtenir copie du rapport.

Vendredi, la Cour supérieure a donné partiellement raison à Mme Montgomery, reprochant toutefois à chaque camp d’« avoir exagéré ».

« Ni la Réglementation de la Ville, ni la fonction publique, si louables que soient leurs intentions, ne peuvent faire échec au droit de la mairesse, élue démocratiquement, d’avoir accès aux rapports », a écrit le juge Bernard Synnott. Quant à la décision de la Ville de Montréal d’empêcher la directrice de cabinet d’avoir accès aux fonctionnaires, « la ligne du raisonnable est dépassée ».

Le juge Synnott a autorisé Mme Montgomery à avoir accès au rapport, en plus de forcer Montréal à annuler sa directive interdisant les contacts entre sa directrice de cabinet et les fonctionnaires de l’arrondissement.

Réactions

En conférence de presse, Sue Montgomery a célébré sa victoire.

« C’est un très beau jour pour la démocratie, pour la justice, pour Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et pour Montréal », a-t-elle dit. « J’ai le droit de gérer et de diriger les fonctionnaires de l’arrondissement. […] Je suis redevable aux citoyens de l’arrondissement et à eux seulement. »

Le cabinet de la mairesse Plante a pris acte de la décision.

Le jugement « confirme notamment l’existence d’un climat de travail malsain dans l’arrondissement, et le rôle de Mme Montgomery dans l’établissement de celui-ci. Nous analyserons le jugement de manière à évaluer les options nous permettant d’améliorer de façon durable la situation », indique le cabinet via Catherine Cadotte, une attachée de presse de la mairesse.