De moins en moins nombreuses, les Soeurs grises de Montréal ont dévoilé hier un projet de conversion majeur de leur ancien hôpital en un lieu d'enseignement, de recherche et de diffusion.

La raison : assurer la survie de cet ensemble immobilier historique, qui a plus de 300 ans, sur la Pointe-à-Callière, dans le Vieux-Montréal. 

Le projet, en gestation depuis 2014, repose sur une alliance avec l'Université de Montréal et le musée Pointe-à-Callière. Il pourrait voir le jour dans un peu plus de deux ans et accueillir 25 000 visiteurs par an.

Mais pour ce faire, les Soeurs doivent obtenir des fonds.

« Nous sommes prêtes à lancer le projet », a dit soeur Aurore Larkin, en conférence de presse, dans la chapelle de l'ancien Hôpital général de Montréal, connu aujourd'hui sous le nom de Maison de Mère d'Youville. « On a fait toutes les études nécessaires du bâtiment et du budget. Mais on attend toujours un engagement des gouvernements au chapitre des fonds. »

Le coût des travaux est estimé à 35,2 millions. Les Soeurs grises, qui restent propriétaires des lieux, sont prêtes à investir 4 millions. L'engagement financier de l'Université de Montréal pour l'aménagement de locaux d'enseignement et de recherche en archéologie est de 1,2 million. Mais les 30 millions restants doivent provenir de Québec, d'Ottawa et de la Ville de Montréal. 

L'argent va surtout servir à la mise aux normes des bâtiments, à la consolidation des fondations et à l'aménagement de salles de travail et d'exposition.

 « Il semble que les choses avancent et que les gouvernements sont tout à fait favorables au projet, a affirmé soeur Larkin. Il reste à avoir un engagement ferme de leur part. On ne demande pas de sous pour le fonctionnement futur de la Maison. C'est pour cette raison qu'on est allées chercher des partenaires sérieux. Les Soeurs veulent remettre à la collectivité. On sait bien qu'on est en décroissance et on ne veut pas laisser un trésor comme ça s'évanouir. On veut laisser un héritage. »

Un site « fondateur »

Cet établissement conventuel, classé bien patrimonial, est l'un des plus anciens de Montréal (seul le vieux séminaire des sulpiciens est plus âgé). Il contient des bureaux administratifs et le service des archives des Soeurs grises. Des religieuses y ont déjà habité, mais les dernières l'ont quitté il y a près de trois ans.

« Ce projet va permettre de mettre en valeur un des sites fondateurs de la ville de Montréal », assure Frédéric Bouchard, doyen de la faculté des arts et des sciences de l'Université de Montréal. « Il va offrir à nos étudiants en archéologie un nouveau site d'enseignement et de recherche. Ce lieu, le Laboratoire d'archéologie durable, accueillera surtout des étudiants à la maîtrise et au doctorat, ainsi que des professeurs. »

Il permettra aussi aux visiteurs de voir les collections étudiées par les chercheurs et de consulter les archives des Soeurs grises. 

Le musée Pointe-à-Callière y voit aussi un intérêt, dans la mesure où il pourrait louer des locaux pour y entreposer des éléments de ses collections.

Une rencontre entre la communauté des Soeurs grises et la Ville de Montréal est prévue lundi. Et des discussions ont lieu avec le ministère de la Culture et des Communications du Québec sur une base régulière.

1693

L'origine de l'hôpital général de Montréal remonte à 1693. L'établissement a déjà accueilli 200 pauvres, surtout des personnes âgées et des enfants abandonnés.

100

Les Soeurs grises ont occupé l'ancien hôpital pendant une centaine d'années. Puis elles ont abandonné les lieux pendant 100 ans. En leur absence, les bâtiments ont été loués à la Ville de Montréal comme entrepôts. Les religieuses sont revenues à la fin des années 70. 

152

Nombre de soeurs grises au Québec (Montréal et Nicolet). « On arrive à notre accomplissement, confie soeur Larkin. On a formé un OSBL, Gestion Providentia, pour gérer nos affaires temporelles. Mais on est encore dans le siège du conducteur. » 

70 % 

L'ancien hôpital général de Montréal compte un peu plus de 100 000 pieds carrés. Dans le projet de conversion, les Soeurs grises et l'Université de Montréal vont occuper 70 % de l'espace, à peu près également. 

1,5 million

Le budget d'exploitation du nouveau lieu est estimé à environ 1,5 million par année, selon le directeur général Hubert Gauthier. « On veut s'autofinancer, dit-il. Chacun va payer un loyer : les Soeurs, l'Université de Montréal et Pointe-à-Callière. »