Montréal étudiera l’utilisation des technologies de reconnaissance faciale par les agents du Service de police de la Ville de Montréal. Les élus du conseil municipal ont demandé à la Commission de la sécurité publique d’émettre des recommandations pour encadrer l’utilisation future de ces systèmes avec des mécanismes afin d’assurer le respect du droit à la vie privée des citoyens.

Le débat sur la reconnaissance faciale a fait surface à l’hôtel de ville alors que le conseiller indépendant, Marvin Rotrand, de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, a présenté une motion pour demander un moratoire sur son utilisation. Le conseiller de longue date de la Ville de Montréal a soutenu qu’à l’heure actuelle, les lois sur l’information biométrique sont «désuètes».

«Par exemple, on ne sait pas comment le contenu de la vidéosurveillance est protégé. Imaginez qu’un soir un agent se présente à votre porte pour vous remettre un constat pour avoir écrasé un mégot sur la voie publique, ou pour ne pas avoir respecté la signalisation en traversant une intersection en marchant», a-t-il illustré.

Aux États-Unis, deux villes de la Californie, San Francisco et Oakland, ainsi que Somerville, au Massachusetts, ont interdit l’utilisation de logiciels de reconnaissance faciale par leurs services de police et municipaux. À Londres, un appel à la plus grande prudence à été émis par des experts indépendants, avec une utilisation limitée, et encadrée par des balises strictes.

Conseiller dans l’arrondissement de Montréal-Nord, Abdelhaq Sari a fait valoir que les technologies actuelles ne sont pas au point pour reconnaître les gens de couleur. Au Royaume-Uni, des données ont déjà démontré que dans 81% des cas, la technologie a pointé vers une personne innocente plutôt qu’un criminel.

Au SPVM, peu d’informations ont circulé sur l’utilisation ou non des technologies de reconnaissance faciale ou intercepteur d’IMSI (appareil de surveillance utilisé pour intercepter le trafic des communications mobiles). À la Sûreté du Québec, un appel d’offres aurait été lancé pour obtenir des outils de pointe, a indiqué le conseiller Rotrand.

Ailleurs au Canada, les services de police de Calgary, en Alberta, et de Toronto, en Ontario, ont déjà confirmé l’utilisation de ces technologies. Pour appuyer sa motion, le conseiller de Côte-des Neiges a déposé une lettre du Commissaire à la protection à vie privée du Canada, Daniel Therrien, dans laquelle il affirme que des réformes sont urgentes avec des valeurs démocratiques en jeu.