Dans l’est du Canada, quelle ville est le plus durement affectée par le climat en raison de son urbanisation ? Tout indique que Montréal remporte ce triste palmarès, selon une étude canadienne.

Quatre villes à l’étude

Entre les villes de Québec, Montréal, Ottawa et Toronto, laquelle est le plus affectée par les aléas climatiques dont les effets sont aggravés par l’urbanisation ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des chercheurs de l’UQAM et de l’Université de Calgary dans une étude publiée dans la revue Urban Climate en décembre dernier. La doctorante Cécile Carton, les professeurs Florent Barbecot et Jean-François Hélie (UQAM) et Jean Birks (Université de Calgary) ont conclu que Montréal était la ville où l’urbanisation a eu le plus d’impact sur les températures et les précipitations. Signalons que l’étude couvre une période de 30 ans, soit entre 1988 et 2017.

Les villes, plus sensibles au réchauffement

« Le changement climatique dans le sud du Québec, c’est très simple. Tout va bien jusqu’au début des années 1990, et là, la température se met à monter. Ça veut dire que le changement climatique, on baigne dedans depuis 30 ans », souligne Florent Barbecot, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’UQAM et coauteur de l’étude. « On sait que tout le sud du Québec est en changement climatique, mais comment se comportent les villes dans ce changement ? On sait que les villes sont beaucoup plus sensibles [au changement climatique]. C’est ça, l’objectif de l’étude », précise-t-il.

Gare à la minéralisation

Les chercheurs ont pu analyser les données quotidiennes de température minimale et maximale ainsi que les données de précipitations pour chacune des quatre villes. Les quantités de précipitations (pluie et neige) ainsi que leur fréquence ont été prises en compte. En parallèle, Toronto, Ottawa, Montréal et Québec ont vu leur population augmenter au cours des 30 dernières années, entraînant une hausse des permis de construction. À Montréal, par exemple, le nombre de permis de construction a doublé entre 2001 et 2018, souligne-t-on. Une tendance qui a fait apparaître plusieurs îlots de chaleur dans la métropole. La minéralisation des grandes villes est d’ailleurs l’un des principaux facteurs des températures à la hausse en milieu urbain.

Températures minimales en hausse

Entre 1988 et 2017, Montréal a enregistré une hausse de la température minimale moyenne de 2,4 degrés, suivi de Québec (2,3 degrés), d’Ottawa (2,1 degrés) et de Toronto (1,6 degré). Québec et Montréal ont aussi affiché des températures minimales moyennes de 2,0 °C et 1,5 °C supérieures aux zones rurales avoisinantes pendant cette même période, loin devant Toronto (0,9 °C) et Ottawa (0,3 °C). Les deux villes québécoises ont également connu une baisse plus importante de la fréquence des précipitations, bien que les quantités totales soient demeurées relativement stables. Rappelons que le consortium québécois Ouranos prévoit que les températures moyennes pourraient grimper de plus de 4 °C à Montréal et à Québec d’ici la fin du siècle dans un scénario d’émissions élevées de gaz à effet de serre (GES).

Une ville doit pouvoir transpirer

« On peut faire une analogie entre une ville et un humain. Les deux fonctionnent de la même manière. Tant qu’on est capables de transpirer, on est capables de réguler la température de notre corps. La ville, c’est exactement la même chose. Si la ville est capable de transpirer, si elle a de l’eau pour transpirer, elle va se comporter comme le reste de l’environnement », explique Florian Barbecot. Or, la clé pour favoriser cette évapotranspiration, ce sont les végétaux, ajoute-t-il. Selon lui, la ville a besoin de plus d’arbres, de bâtiments et de toits végétalisés. « On ne va pas inventer des matériaux ultra technologiques alors qu’on a une technologie verte qui marche déjà : les arbres ! »

Lisez l’étude parue dans la revue Urban Climate (en anglais)