(Montréal) Les personnes qui décident de s’abstenir de consommer des produits d’origine animale comme de la viande, des produits laitiers ou des œufs réduisent de 75 % les gaz à effet de serre provenant de leur assiette, selon des données recueillies auprès d’un échantillon de 55 000 personnes.

L’alimentation végétalienne (végane) émet 75 % moins de GES que celle des grands consommateurs de viande et utilise 75 % moins de terre pour produire les aliments.

Également, la quantité d’eau nécessaire pour produire et transformer des aliments végétaliens est 54 % moins importante que celle requise pour nourrir ceux qui mangent 100 grammes de viande par jour.

Un régime végétalien réduit aussi de 66 % la perte potentielle de biodiversité causée par la production des aliments.

C’est ce que conclut une récente étude publiée par 10 chercheurs anglais, principalement associés à l’Université Oxford, dans la revue Nature Food.

La relation entre l’impact environnemental et la consommation d’aliments d’origine animale est claire et devrait inciter à la réduction de celle-ci.

Citation tirée de l’étude de l’Université Oxford

De nombreuses études ont montré dans les dernières années que les régimes alimentaires sans viande ont beaucoup moins d’impacts négatifs sur l’environnement, mais ce qui fait la particularité de l’étude des chercheurs anglais, « c’est qu’elle ne se base pas sur des modélisations de comportements alimentaires, mais plutôt sur des comportements alimentaires réels », a souligné Alexia Renard, doctorante en science politique à l’Université de Montréal et co-auteure d’un livre sur le véganisme.

Cette nouvelle recherche a demandé un travail colossal, les chercheurs anglais ayant recueilli des données auprès de « 55 504 végétaliens, végétariens, mangeurs de poisson et de viande ». Ils ont de plus déterminé l’empreinte environnementale des aliments en étudiant le cycle de vie de 570 produits provenant de 38 000 exploitations agricoles dans 119 pays.

Les auteurs de l’étude soulignent que la production de nourriture représente 34 % des émissions mondiales totales de GES et qu’elle est responsable de 70 % de l’utilisation mondiale de l’eau douce. Ces impacts sont principalement causés par l’élevage.

« Ça prend de grands espaces pour cultiver des aliments qui ne sont pas destinés à la consommation humaine, mais plutôt à la consommation des bovins. On utilise donc énormément de terres agricoles, ce qui entraîne de la déforestation, donc il y a un impact sur la biodiversité, sur les changements climatiques, sur la consommation d’eau et l’utilisation des pesticides », a résumé Catherine Houssard, chercheuse en analyse de cycle de vie au CIRAIG à Polytechnique Montréal.

Selon la chercheuse, si les participants à l’étude publiés dans Nature Food avaient été québécois, les conclusions auraient été les mêmes, mais probablement avec des écarts différents.

« Par exemple, au Québec, on a la chance d’avoir une des productions de lait qui a la plus faible empreinte environnementale au monde, notamment parce c’est une production qui consomme très peu d’eau. Mais malgré les différences régionales, ça donnerait la même conclusion », c’est-à-dire que « consommer moins de produits animaux a un impact positif sur l’environnement ».

Catherine Houssard a indiqué que « l’étude rappelle que l’alimentation est un levier d’action très significatif pour les consommateurs qui veulent avoir un impact dans la lutte au changement climatique », ajoutant que celle-ci représente 20 % de l’empreinte carbone des Québécois.

C’est un constat que souligne également la doctorante en science politique Alexia Renard, qui a récemment interviewé 50 jeunes véganes dans le cadre de recherches universitaires. « Quatre-vingts % d’entre eux donnent la lutte au changement climatique comme l’une des raisons pour expliquer leur changement de comportement alimentaire. »

Près de 600 000 Canadiens se disaient véganes en 2020, selon des chercheurs de l’Université Dalhousie, ce qui représente moins que 2 % de la population.