Anne-Marie Gingras s’apprête à faire son jogging matinal près de la rivière Beauport. Équipée d’un sac poubelle et de gants, elle court non seulement pour garder la forme, mais aussi pour ramasser les déchets.

Inspirée par l’initiative française « Nettoie ton kilomètre » née pendant la pandémie, elle a commencé la collecte de déchets à pied il y a deux ans. L’idée de courir en même temps lui est venue naturellement, car cela permet de ramasser les déchets « beaucoup plus rapidement ».

Anne-Marie n’est pas la seule personne ayant eu cette idée. Ce phénomène prend de l’ampleur au Québec et dans le monde. Il porte même un nom : le « plogging ».

Je n’ai pratiquement jamais couru de ma vie à part pour faire du plogging !

Anne-Marie Gingras

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Anne-Marie Gingras en action dans le sentier Beauport

Les origines du « plogging »

Originaire de la Suède, le terme plogging est formé de la contraction de plocka upp (ramasser, en suédois) et de jogging. Le premier évènement du genre a eu lieu en 2016 à Stockholm.

Selon le site plogging.org, on estime à plus de 3 millions le nombre de personnes ayant déjà participé à une séance de ce sport. Chaque jour, ce sont plus de 20 000 coureurs qui ramassent des déchets à la course dans plus d’une centaine de pays.

James Guilbaud, marathonien et fondateur du groupe Plogga Montréal, organise bénévolement des évènements de plogging à Montréal. Son plus récent, qui a eu lieu en mai, le PloggaLoop, a réuni une soixantaine de coureurs et récolté 155 kg de déchets dans les rues de Montréal. Il a observé que les emballages de restauration rapide, comme les gobelets de café, figurent parmi les déchets les plus courants.

Regardez une vidéo du PloggaLoop Regardez une photo du PloggaLoop

Doté d’une grande conscience environnementale, il croit que la population ne doit pas se décourager face aux déchets générés par les industries. « La responsabilité est au citoyen aussi », indique-t-il en visioconférence. « Si, individuellement, on fait des petites actions, ça va amener de gros changements ! »

Lors de sa participation au marathon de Montréal, il a ramassé tous les déchets qu’il a croisés au sol, chose qui a surpris nombre de coureurs.

Initiatives croisées

Par les réseaux sociaux, les chemins de James Guilbaud et d’Anne-Marie Gingras se sont croisés en 2022 alors qu’ils ont coorganisé la Maskathon Week, un évènement de collecte de masques usagés déployé au Québec. En une semaine, environ 300 personnes ont réussi à récolter près de 70 000 masques souillés.

Consultez une publication de la Maskathon Week

Cette initiative a piqué la curiosité de Diana Carolina, coordonnatrice au développement durable chez On court Montréal. Elle a décidé d’organiser aussi des courses de plogging et a contacté James Guilbaud pour qu’il devienne l’ambassadeur éco de l’organisme montréalais.

Cherchant une initiative concrète pour faire avec son équipe dans le cadre de la Journée de la Terre, elle a organisé une séance de plogging avec l’aide de James.

Regardez une vidéo de plogging du Jour de la Terre

« Pratiquer cette activité amène les gens à vraiment penser au cycle de vie d’un produit jeté, estime-t-elle. Le fait de voir quelqu’un ramasser les déchets dans la rue conscientise davantage les autres à respecter leur environnement. »

Diana Carolina espère que la montée en popularité du plogging va aider les gens à non seulement faire attention à ce qu’ils font avec leurs déchets, mais aussi à en générer moins. « Le meilleur déchet est celui que tu ne crées pas », ajoute-t-elle.

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