Maintenant que le plastique à usage unique est banni sous peine d’amende salée dans la métropole, des projets-pilotes de contenants réutilisables sont déployés dans ses restaurants et commerces de nourriture à emporter. À commencer par l’emblématique avenue du Mont-Royal.

Soutenus par l’administration de la mairesse Valérie Plante, des projets de contenants consignés se déploient graduellement dans l’avenue du Mont-Royal et d’autres rues du centre-ville, notamment la rue Saint-Denis et le boulevard Saint-Laurent, et dans les commerces de Griffintown, de Saint-Henri et du quartier de la Petite-Bourgogne. Les plats réutilisables proviennent notamment des fournisseurs Retournzy coop et Cano. Et les restaurateurs volontaires sont chapeautés par l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM).

Assiettes jetables, barquettes, couvercles, ustensiles, pailles, bâtonnets à mélanger, verres et tasses en plastique non recyclable ont disparu des cuisines de Richard Cemé, chef cuisinier et traiteur du prêt-à-manger Par Cemé de la rue Garnier, à un jet de pierre de l’avenue du Mont-Royal.

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Puisqu’ils vont au four à micro-ondes, le commerce de prêt-à-manger Par Cemé s’est tourné vers les contenants de Cano.

« Avant, j’emballais sous vide », lance le chef derrière son comptoir où les effluves de keftas d’agneau et de boulettes au curry se mélangent à l’odeur d’un gâteau aux carottes encore chaud.

« J’ai vite constaté que le procédé sous vide n’avait aucune allure pour l’environnement, enchaîne-t-il. J’ai donc commencé à utiliser des contenants recyclables. Puis, j’ai commencé à proposer aux clients d’apporter leurs propres plats. » Ensuite, « les contenants consignés sont donc arrivés tout naturellement ».

Les commerçants font la vaisselle

Puisqu’ils vont au four à micro-ondes, le commerce de prêt-à-manger s’est tourné vers les contenants de Cano. Le service fonctionne grosso modo comme pour les vélos en libre-service BIXI : à l’aide d’une application. Le client a deux semaines pour rapporter les plats, sans frais. La corvée de vaisselle revient aux commerçants.

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Un contenant de Cano

« Moi, je ne fais que deux choses ; je remplis, je lave », ironise candidement le chef Cemé.

Chargée de la transition écologique pour le regroupement des sociétés de développement commercial, Isabelle Bissonnette, ingénieure spécialisée en environnement, explique que le défi consiste à expliquer aux restaurateurs qu’il y a des solutions de rechange au plastique à usage unique. Qu’il y a « des bénéfices sur le portefeuille », fait-elle valoir.

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Isabelle Bissonnette, ingénieure spécialisée en environnement

« Il y a une mouvance, mais il faut donner le choix aux commerçants, aux gens, estime-t-elle. Un peu comme pour les sacs en plastique qui ont disparu progressivement des épiceries. »

Contenants en inox avec couvercles de silicone

L’autre acteur qui se positionne sur le marché offre des contenants en acier inox munis de couvercles de silicone. Il s’agit de Retournzy coop.

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Un contenant en inox de Retournzy coop

On voit ces contenants apparaître dans le secteur Saint-Denis, dans le secteur Notre-Dame, au marché Atwater, également à l’École de technologie supérieure (ETS), pour ne nommer que ceux-là. La coordonnatrice au développement des affaires de Retournzy coop, France Gosselin, estime que cette nouvelle façon de consommer va s’installer dans les habitudes, mais qu’il faudra de la patience. Beaucoup de temps.

« C’est malheureux, mais les gens se sont habitués à jeter les contenants de leurs repas à emporter. Il y a une conscience de l’importance de la réduction des déchets à la source [à développer]. Les gens nous disent que notre produit est génial, mais ils ne veulent pas mettre l’effort. Éventuellement, il va falloir une interdiction formelle du recyclable à usage unique. »

Dirigeant de la Société de développement commercial (SDC) de l’avenue du Mont-Royal, Claude Rainville explique que l’un des défis sera d’implanter les contenants consignés chez les grands épiciers. Selon lui, c’est plus compliqué, notamment en raison du volume.

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Claude Rainville, dirigeant de la Société de développement commercial (SDC) de l’avenue du Mont-Royal

« Il reste que la réponse est très bonne chez nos commerçants indépendants, estime-t-il. L’essentiel est de s’améliorer. Il faut aussi une bonne volonté politique de la part des élus municipaux, du gouvernement. »

Écocontribution à Prévost

Au Québec, d’autres municipalités ont adopté des règlements bannissant les articles en plastique à usage unique dans les commerces, notamment Laval, Mascouche et Terrebonne. À Prévost, petite municipalité de 14 000 habitants des Laurentides, il y a même depuis juillet 2022 une redevance, appelée « écocontribution », sur la vente de contenants à usage unique.

Au départ, à Montréal, un projet-pilote devait être lancé au printemps 2020, mais il a été mis sur la glace en raison de la pandémie, explique Mme Bissonnette, chargée de projet.

Une version précédente de cet article mentionnait le marché Jean-Talon, il s’agit plutôt du marché Atwater. Nos excuses.

En savoir plus
  • 400 $ à 4000 $
    La Ville de Montréal prévoit des amendes allant de 400 $ à 4000 $ aux commerçants après une deuxième infraction au règlement sur l’interdiction du plastique à usage unique.
    Source : Ville de Montréal