(Québec) Québec a annoncé son intention de demander à la Santé publique de « prendre une position très claire » sur la pollution atmosphérique dans le secteur Limoilou–Basse-Ville à Québec, au lendemain de la publication d’un rapport d’experts préoccupant.

« Comme on l’a fait au niveau du dossier en Abitibi avec la fonderie, il faut avoir l’opinion de la Santé publique », a dit mercredi le ministre de la Santé, Christian Dubé, lors de la période des questions à l’Assemblée nationale.

« On va demander à la Santé publique de prendre une position très claire comme, en fait, le Dr Boileau l’a fait avec son équipe dans le cas de la Fonderie Horne, a poursuivi M. Dubé. Lorsque cette position-là sera très claire, je pense que ce que je vais faire, je vais laisser mon collègue faire le suivi approprié du côté de l’environnement. »

Cette décision survient au lendemain du dévoilement d’un rapport d’experts qui conclut que l’enjeu de la qualité de l’air dans ce secteur de Québec « est préoccupant ». Le groupe a été mis en place par le ministère de l’Environnement après le tollé suscité par la décision du gouvernement de permettre aux industries de rejeter plus de nickel dans l’air.

« Les concentrations moyennes annuelles de particules fines à la station Vieux-Limoilou sont parmi les plus élevées de la province », écrivent les auteurs.

À Rouyn-Noranda, la Santé publique avait finalement suggéré un seuil de transition qui permet à la Fonderie Horne de rejeter 15 nanogrammes d’arsenic par mètre cube dans l’air (ng/m3). Il s’agit de cinq fois la norme ailleurs au Québec, mais bien moins que les 100 ng/m3 qu’elle avait le droit de rejeter.

Québec n’a pas précisé si la Santé publique devra se positionner ici sur sa décision de multiplier par cinq la quantité de nickel que l’industrie peut rejeter dans l’air quotidiennement. La limite pour les particules dans l’air est passée de 14 à 70 ng/m⁠3.

Les directions régionales de santé publique se sont déjà toutes positionnées contre la hausse de la norme de nickel, mise en place par Québec pour attirer des entreprises de la filière batterie. La Santé publique nationale sous Horacio Arruda avait quant à elle appuyé la hausse de la norme.

Pas de contraventions pour les fautifs

Mais peu importe la norme sur le nickel, le gouvernement a réitéré mercredi son incapacité à donner des amendes aux contrevenants. Le rapport du Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques (GTCA) indiquait que plusieurs dépassements au-delà de la nouvelle norme quotidienne de 70 ng/m3 ont été constatés dans les dernières années dans le secteur Limoilou–Basse-Ville.

« Chaque fois qu’il y a dépassement, le défi, c’est d’identifier la source, d’où il provient », a indiqué mercredi le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

« On peut dire que ça vient du port, mais il y a plusieurs activités au port. Je ne peux pas mettre en cause le Port de Québec. La réglementation environnementale m’oblige de mettre en cause le premier responsable. »

« On y travaille », a ajouté le ministre.

Le rapport recommandait par exemple à la société minière Glencore, qui transborde dans le port de Québec du nickel extrait de la mine Raglan, au Nunavik, de modifier sa méthode de transbordement « pour réduire, voire éliminer, ce risque à la source ».

L’entreprise, qui est aussi propriétaire de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda, a indiqué dans un courriel à La Presse qu’elle étudiait cette possibilité.

« Nous sommes à explorer les moyens technologiques à notre portée pour améliorer les procédures de gestion des émissions fugitives lors du chargement et déchargement des cales de navire », a indiqué Hélène Tellier, de Glencore.

La Santé publique va certainement s’intéresser à d’autres contaminants atmosphériques que le nickel. Ce sont les particules fines, spécifiquement les PM2,5, qui préoccupent le plus les experts.

« Les concentrations moyennes annuelles de particules fines à la station Vieux-Limoilou sont parmi les plus élevées de la province », écrivent les auteurs. Le chauffage au bois serait le principal responsable, avec les transports.

Avec Tommy Chouinard