Québec se dit ouvert à revoir son règlement sur les milieux humides pour éviter qu’il y ait davantage de pertes dans certaines régions.

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, a indiqué à La Presse samedi que son gouvernement était préoccupé par la situation dans certaines régions du Québec.

En octobre dernier, La Presse révélait que depuis 2017, Québec avait récolté plus de 100 millions de dollars en compensations pour la destruction de milieux humides. À peine 2,6 % avaient été réinvestis pour la restauration ou la création de nouveaux milieux humides.

Or, dans certaines régions comme Laval, Montréal ou la Montérégie, la situation est particulièrement critique puisque les milieux humides y sont de plus en plus rares.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La destruction d’un milieu humide de 142 m2 a été autorisée en 2021 pour permettre la construction d’un bâtiment commercial à Laval en échange d’une compensation de 6407,04 $.

« Dans des régions encore plus vulnérables, j’évoquais Laval, Montréal et la Montérégie, dans les centres urbains, j’ai demandé si on ne pouvait pas adapter la réglementation spécifiquement sur ces territoires-là pour qu’il n’y ait pas davantage de pertes. C’est une réflexion qui se poursuit », a affirmé le ministre Charette, qui assistait samedi à une annonce de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), en marge de la COP15 sur la biodiversité qui se tient à Montréal.

« Il se pourrait qu’il y ait une modification réglementaire à ce niveau-là au cours de l’actuel mandat. Je ne suis pas en mesure de vous confirmer les modalités, mais on prend conscience qu’il y a des régions qui deviennent extrêmement vulnérables par rapport à leurs pertes de milieux humides », a-t-il ajouté.

Les milieux humides, rappelons-le, sont des écosystèmes complexes qui abritent plusieurs espèces menacées dans la province. Ils constituent également des puits de carbone importants dans un contexte de crise climatique.

Benoit Charette a aussi indiqué que son ministère devait accélérer la cadence afin de restaurer des milieux humides ou d'en créer de nouveaux.

La nouvelle Loi sur les milieux humides et hydriques, adoptée en 2017, était censée mettre fin à des décennies d’abus qui ont permis de détruire d’immenses superficies à l’échelle du Québec, particulièrement dans les basses terres du Saint-Laurent.

La nouvelle législation a instauré un système de compensations financières qui sont d’abord versées au Fonds de protection de l’environnement et du domaine hydrique de l’État. Les sommes doivent servir à des projets de création ou de restauration de milieux humides.

Le ministre a reconnu que « les sommes amassées jusqu’à présent représentent des montants considérables ». « J’ai donné la consigne qu’on s’assure que la réglementation soit suffisamment souple pour réaliser sans trop de délais supplémentaires les projets en question », a-t-il ajouté.

En savoir plus
  • 567 km⁠2
    En 2013, la chercheuse Stéphanie Pellerin a calculé qu’une superficie égale à 567 km⁠2 de milieux humides avait été détruite dans les 22 années précédentes dans les basses terres du Saint-Laurent.
    Source : Analyse de la situation des milieux humides au Québec et recommandations à des fins de conservation et de gestion durable (2013)
    1 %
    De 2006 à 2010, seulement 1 % des milieux humides détruits ont été compensés.
    Source : Analyse de la situation des milieux humides au Québec et recommandations à des fins de conservation et de gestion durable (2013)