Qui dit COP15 dit biodiversité. Et pour « mieux suivre l’évolution » des différents écosystèmes au Québec, l’Université de Sherbrooke, le Centre de la science de la biodiversité du Québec et le ministère de l’Environnement lancent une nouvelle boussole de « l’état de la nature » dans la province.

Parlons davantage de biodiversité

Tout jeune, le projet promet déjà d’évoluer dans les prochaines années pour devenir un outil de référence. Dominique Gravel, professeur au département de biologie de l’Université de Sherbrooke et chercheur chez Biodiversité Québec, est à l’origine de la nouvelle boussole, conçue au coût d’environ 1,7 million. Il affirme qu’elle a notamment été créée pour répondre à un « déficit de communication général sur les enjeux de biodiversité, comparativement aux changements climatiques ». « On voit souvent que c’est deux poids, deux mesures : la crise climatique fait partie intégrante des campagnes électorales, par exemple, alors que la biodiversité, on n’en parle presque pas, sauf depuis l’arrivée de la COP15 à Montréal. On veut changer ça », résume-t-il.

Tout près de 17 %, mais…

D’après les données de la plateforme, le réseau d’aires protégées de l’ensemble du Québec s’étend sur 272 337 kilomètres carrés (km⁠2), l’équivalent de 16,3 % du territoire québécois. Il s’agit d’une hausse « de 152 906 km⁠2 depuis 2013 ». Ainsi, « le Québec se rapproche de la cible de 17 % pour la protection du territoire aux fins de conservation de la biodiversité telle que fixée dans les Objectifs d’Aichi », notent les chercheurs. Mais ils rappellent toutefois que « la répartition des aires protégées est inégale au sein du territoire : la protection est supérieure dans le nord où les changements climatiques seront les plus rapides, mais inférieure dans le sud du Québec où se concentrent les espèces en situation précaire ».

Un millier de plus en zones urbaines

Entre 1992 et 2020, la superficie des zones considérées comme « urbaines » au Québec a bondi de 983 km⁠2, et représente aujourd’hui 0,2 % de tout le territoire québécois terrestre. Dans leur rapport, les chercheurs notent que « les milieux forestiers et humides » regroupent toujours « la plus grande proportion des habitats terrestres non artificialisés du Québec », mais que ceux-ci « se contractent notamment en raison de l’expansion urbaine ». Autrement dit, le phénomène de l’étalement urbain se fait souvent au détriment de la protection de la nature de façon générale.

Encore peu d’espèces documentées

Selon les données de la boussole, le Québec a jusqu’ici recensé 2223 espèces animales sur son territoire. Si ce chiffre peut sembler élevé, il est en fait probablement marginal par rapport à la réalité, près de 40 000 espèces étant « estimées être présentes sur le territoire » de la province à l’heure actuelle. Pendant que « certains groupes tels que les invertébrés sont peu connus au Québec, avec moins de 17 observations en moyenne par espèce, d’autres sont largement inventoriés, comme les chauves-souris avec près de 3000 observations en moyenne par espèce », lit-on également dans le rapport.

Quel avenir pour la boussole ?

Dominique Gravel espère « poursuivre le développement » de la boussole dans les prochains mois, le mandat de son équipe de recherche devant durer encore au moins trois ans. « On suit entre autres le déplacement des aires de répartition, plus particulièrement les oiseaux, les colonisations et les extinctions locales. Ce sera certainement des indicateurs qui vont être ajoutés prochainement », détaille-t-il, disant aussi vouloir « suivre l’arrivée de nouvelles espèces » au Québec de façon plus serrée. Le professeur envisage également de « quantifier » certains écosystèmes comme la foresterie, la production de sirop d’érable ou la pollinisation.

En savoir plus
  • 30 % en 2030
    Pour M. Gravel, l’atteinte de l’objectif phare de la COP15 serait « un pas majeur » pour la biodiversité. Cela signifierait concrètement d’obtenir un engagement de tous les pays à protéger au moins 30 % de leurs zones terrestres et maritimes d’ici 2030. Dans son « Plan Nature » de 650 millions dévoilé mardi, le gouvernement Legault s’est déjà engagé à atteindre cette cible.