Comment les Québécois perçoivent-ils les changements climatiques ? Combien se disent écoanxieux ? Sont-ils nombreux à vouloir changer leurs habitudes au quotidien ? Y a-t-il encore des climatosceptiques ? Autant de questions auxquelles le plus récent Baromètre de l’action climatique de l’Université Laval tente de répondre. Zoom sur une enquête aux résultats surprenants.

Plus préoccupés que jamais

Près de 9 Québécois sur 10 (86 %) « croient qu’il y a urgence d’agir au Québec contre les changements climatiques », une donnée qui montre que « la population est de plus en plus inquiète », estime Valériane Champagne St-Arnaud, coordonnatrice scientifique du Baromètre de l’action climatique de l’Université Laval. À signaler : 71 % des répondants se disent très préoccupés par les problèmes environnementaux en général, contre 61 % un an plus tôt. Étonnamment, les personnes âgées de 55 ans et plus sont plus nombreuses (78 %) à être préoccupées par l’environnement que les 18-34 ans et les 35-54 ans (65 %). Il y a aussi une proportion plus importante de Québécois (62 % contre 52 % en 2021) qui se dit soucieuse de l’image projetée quant à l’impact de leurs choix quotidiens sur l’environnement ou le climat.

Oui, mais…

En 2022, 16 % des Québécois jugent que « les changements climatiques sont un phénomène naturel pour lequel l’humain n’a pas besoin d’intervenir ». Une hausse surprenante de quatre points de pourcentage par rapport aux résultats de 2021 (12 %). Selon Mme Champagne St-Arnaud, l’une des hypothèses, « c’est que nous sommes dans un contexte de fatigue informationnelle ». Cette forme de déni pourrait en quelque sorte être une réaction à recevoir toujours les mêmes informations au sujet des changements climatiques, qui sont souvent très pessimistes, postule l’experte. Par ailleurs, de plus en plus d’adeptes des théories du complot au sujet de la pandémie de COVID-19 s’en prennent maintenant aux conclusions du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) sur les réseaux sociaux. Une nouvelle donnée intéressante qui sera dorénavant évaluée par l’Université Laval : ceux qui croient que les mesures nécessaires pour agir contre les changements climatiques nuisent aux libertés individuelles. Plus d’un répondant sur cinq (22 %) a répondu oui à la question en 2022.

Des émotions diverses

Ce sont les femmes et les jeunes âgés de 18 à 34 ans qui vivent le plus d’émotions négatives par rapport à la crise climatique. C’est d’ailleurs l’une des nouveautés en 2022 : mesurer l’écoanxiété des Québécois. Une personne sur deux dit avoir ressenti de tels sentiments au cours de l’année, mais seulement 13 % de façon modérée et 3 % de façon élevée. De façon générale, 43 % de la population croit que les changements climatiques représentent une menace élevée ou très élevée à court terme pour le Québec, contre 39 % un an plus tôt. Il y a cependant un écart important entre les femmes (50 %) et les hommes (35 %) sur cette question. Précisons que ce sondage a été mené en ligne auprès de 2000 personnes âgées de 18 ans et plus vivant au Québec. Les résultats ont été pondérés, entre autres en fonction de la région, de l’âge et du sexe pour obtenir un résultat représentatif de la population.

La voiture solo toujours populaire

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Les deux tiers des répondants (65 %) disent avoir recours à leur voiture pour leurs déplacements en solo.

Les deux tiers des répondants (65 %) disent avoir recours à leur voiture pour leurs déplacements en solo, une donnée qui démontre que « les Québécois sont encore très attachés à leur voiture », signale Valériane Champagne St-Arnaud. Elle précise que tous n’ont cependant pas accès à un réseau de transports en commun qui permettrait de modifier leurs habitudes de transport. En 2022, 55 % des répondants ont indiqué vouloir choisir leur domicile à proximité de leur lieu de travail, une baisse par rapport à 2021 (58 %).

Une responsabilité collective

« Les gens commencent à être fatigués à l’idée que les actions climatiques reposent principalement sur leurs efforts individuels », souligne Mme Champagne St-Arnaud. À cet égard, ils ont soif plus que jamais d’actions collectives plus importantes. À cet effet, 8 personnes sur 10 croient que le Québec a la capacité d’agir efficacement contre les changements climatiques. En contrepartie, seulement 34 % des Québécois croient que le Québec et tous ses acteurs agissent efficacement en ce sens. Par ailleurs, si 85 % des répondants disent faire des gestes pour le climat, 41 % seulement estiment que la majorité des Québécois apportent leur contribution pour agir contre les changements climatiques.

Plus de mesures collectives

Selon Valériane Champagne St-Arnaud, le plus récent Baromètre sur le climat indique en quelque sorte qu’il faudra adopter des mesures collectives plus importantes face au réchauffement planétaire. « La façon dont les élus devraient voir ces résultats, c’est que si on veut véritablement atteindre les objectifs [de carboneutralité], ça va prendre des mesures plus robustes. » À cet effet, notons que 86 % des répondants se sont dits favorables à ce que les infrastructures de transport actif soient bonifiées. Une personne sur deux (51 %) accepterait par ailleurs qu’on augmente « fortement » les droits d’immatriculation des véhicules énergivores.

En savoir plus
  • 18 %
    Près d’un répondant sur cinq estime que les changements climatiques ne concernent pas sa génération, contre 10 % en 2021.
    Source : Baromètre de l’action climatique 2022
    19 %
    Une personne sur cinq croit qu’il est inutile d’agir au Québec, car ce sont d’autres grands pays qui émettent le plus de gaz à effet de serre. Cette proportion était de 14 % en 2021.
    Source : Baromètre de l’action climatique 2022