Nouveau chapitre dans la saga des cerfs du parc Michel-Chartrand à Longueuil. La Ville a annoncé mercredi son intention de suspendre l’abattage d’une soixantaine de bêtes prévue l’automne prochain, le temps qu’un tribunal tranche un litige à ce sujet.

La Ville de Longueuil a indiqué mercredi son intention de surseoir à son opération pour capturer et euthanasier une soixantaine de cerfs l’automne prochain. « La Ville s’engage à ne pas procéder par respect pour le tribunal qui aura à trancher la question », explique le porte-parole de Longueuil, Louis-Pascal Cyr.

Rappelons qu’un recours a été déposé le mois dernier par l’avocate Anne-France Goldwater, qui représente l’organisme Sauvetage Animal Rescue.

La démarche vise à empêcher l’euthanasie des bêtes, qui a été recommandée par un comité d’experts.

Le parc Michel-Chartrand, d’une superficie de moins de 2 km⁠2, pourrait accueillir tout au plus une quinzaine de cerfs. La Ville dit avoir étudié toutes les options : une table de concertation a d’ailleurs recommandé l’euthanasie des animaux, jugeant la relocalisation trop risquée pour le bien-être animal.

Une position contestée notamment par Sauvetage Animal Rescue et la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA), qui sont appuyés dans leurs démarches par l’avocate Anne-France Goldwater.

« Le plan de match de la Ville ne change pas, signale Louis-Pascal Cyr. On a simplement décidé de prendre cet engagement dans l’optique d’avoir une décision rapidement du tribunal. »

Une date d’audience devrait être fixée prochainement.

En attendant, les frênes subissent

Dans l’intervalle, la Ville de Longueuil procède à la coupe de milliers de frênes malades dans le parc Michel-Chartrand. Environ 10 000 arbres doivent être abattus en raison de l’agrile du frêne. La municipalité dit vouloir planter cinq nouveaux arbres pour chacun qui sera abattu. Une opération estimée à 8 millions de dollars.

En janvier dernier, le biologiste Michel La Haye avait accompagné La Presse au parc Michel-Chartrand pour constater que la nourriture se faisait de plus en plus rare pour les cerfs. « Il n’y a plus rien à manger pour les cerfs ici », avait-il constaté.

« C’est la science qui a parlé. Il y a eu deux démarches distinctes qui sont arrivées à la même conclusion, soit l’abattage des cerfs. Les experts qui ont siégé au comité, leur priorité, c’est le bien-être animal », concluait le biologiste.

L’avocate et militante des droits des animaux Anne-France Goldwater avait sévèrement critiqué la décision de Longueuil, la qualifiant de « massacre ». « C’est de la cruauté. En gros, on veut assassiner Bambi alors qu’il y a plusieurs autres solutions sur la table. »

L’ancienne mairesse de Longueuil Sylvie Parent avait reçu des menaces de mort après que la Ville a annoncé une première fois son intention d’abattre une quinzaine de cerfs à l’automne 2020.

L’organisme Sauvetage Animal Rescue souhaite relocaliser les animaux, une option critiquée par un Comité d’éthique de l’utilisation des animaux, qui signale un risque élevé de décès des bêtes pendant le transport.