D’ici la fin de 2025, l’Université de Montréal retirera ses investissements qui touchent au secteur des énergies fossiles, emboîtant ainsi le pas à d’autres grandes universités.

Le fonds de dotation de l’Université de Montréal, dont la valeur était de 420 millions de dollars fin 2021, compte 4 % d’investissements en Bourse reliés directement ou indirectement à ce secteur. L’université s’engage à se départir de ces actions d’ici la fin de décembre 2025.

Ce fonds sert principalement à financer des projets de recherche et à attribuer des bourses d’études.

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Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal

« On parle de l’ensemble de la chaîne des énergies fossiles, de l’exploration jusqu’à la commercialisation », explique Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal. Il s’agit selon lui d’un « signal fort que l’Université de Montréal est à un tournant en matière de développement durable ».

Contestation étudiante

En mars, des étudiants ont occupé pendant cinq jours le hall d’un pavillon de l’université. Deux militants avaient même entamé une grève de la faim, à laquelle ils avaient mis un terme quand le recteur s’était engagé à présenter un scénario de désinvestissement des énergies fossiles.

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En mars dernier, des étudiants ont occupé pendant cinq jours le hall du pavillon Roger-Gaudry de l’Université de Montréal, afin de faire pression sur la direction pour qu’elle retire ses investissements qui touchent au secteur des énergies fossiles.

« On est censés être écoutés, pas se priver d’un besoin pour faire passer un message », avait déploré une militante.

En entrevue, le recteur dit que la réflexion était alors déjà « très avancée » à l’université. « Ça faisait déjà quelques mois qu’on travaillait sur des scénarios [de retrait des énergies fossiles] qu’on allait présenter au comité exécutif », explique Daniel Jutras.

Engagements d’autres universités

Outre l’Université de Montréal, l’Université du Québec à Montréal et l’Université Concordia ont pris l’engagement de sortir du pétrole. Malgré une mobilisation étudiante qui persiste depuis plusieurs années, l’Université McGill n’a pris aucun engagement en ce sens.

« Voir de grands acteurs institutionnels se diriger vers le désinvestissement a eu un effet significatif. On a aussi entendu des voix à l’interne », explique Daniel Jutras, qui cite le rapport « éclairant » sur le développement durable déposé par la Fédération des associations étudiantes.

Mais « indépendamment de ce qui se passe ailleurs », le recteur explique que l’Université de Montréal travaille sur un plan d’action en développement durable. « Il y aura certainement des cibles liées à la carboneutralité, dans des délais assez accélérés », dit Daniel Jutras.

« Il y a aussi des efforts qui touchent nos propres activités, à l’interne, au-delà des investissements que l’on fait », dit le recteur. Il cite notamment le chauffage de l’université, les déplacements professionnels et la construction de nouvelles infrastructures.

Avec la collaboration de Léa Carrier, La Presse