L’administration de Joe Biden se joint à d’autres groupes et agences pour demander au Canada de participer à une étude sur la pollution transfrontalière des eaux causée par l’exploitation de mines de charbon dans le sud de la Colombie-Britannique.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, le département d’État américain a indiqué que le président Biden soutenait la tenue d’une étude conjointe sur le sélénium provenant des mines de charbon de l’entreprise Teck Resources dans la vallée Elk – du sélénium qui se retrouve ensuite dans les rivières et les lacs au sud de la frontière.

« Le département (d’État) a réaffirmé le soutien de l’administration à en référer conjointement à la Commission mixte internationale, en vertu du Traité des eaux limitrophes de 1909, pour le bassin versant de Kootenai concernant les impacts transfrontaliers de l’exploitation minière », indique le communiqué publié mercredi dernier.

Affaires mondiales Canada n’a pas immédiatement répondu à une demande pour commenter la situation, mardi. Le 2 juin dernier, le porte-parole, Adrien Blanchard, déclarait dans un courriel que le Canada « envisageait diverses options » dans ce dossier.

Les États-Unis sont préoccupés depuis des années par les mines de Teck Resources. Les États du Montana et de l’Idaho, huit sénateurs américains, l’Agence de protection de l’environnement (EPA), l’Institut d’études géologiques des États-Unis et six communautés autochtones des deux côtés de la frontière ont tous déclaré que le sélénium libéré par les mines menaçait les poissons dans leurs eaux en aval.

Plusieurs de ces groupes ont demandé un renvoi à la Commission mixte internationale, créée pour arbitrer les différends relatifs aux eaux transfrontalières. Lors de ces renvois, l’examen du problème et la formulation de recommandations ont presque toujours été menés conjointement par les deux pays.

Le Canada et les États-Unis, par l’intermédiaire de la Commission, ont ainsi travaillé conjointement sur les problèmes des Grands Lacs, du lac Champlain au Québec et du bassin de la rivière Souris au Manitoba.

Les Premières Nations

La commission s’est dite prête à examiner la question et a demandé au Canada de participer. Le département d’État américain ajoute maintenant sa voix.

Dans son communiqué, il indique que la participation du Canada conduirait à « des recommandations impartiales et une communication transparente, renforcerait la confiance et forgerait une compréhension commune de cette question parmi les gouvernements locaux, autochtones, étatiques, provinciaux et fédéraux, ainsi que les parties prenantes et la population des deux pays ».

Le communiqué met l’accent sur les préoccupations des Premières Nations, soulignant « l’engagement de l’administration Biden-Harris à renforcer les relations de nation à nation ».

« Le soutien à un renvoi conjoint à la (Commission) reflète l’engagement de l’administration Biden-Harris à protéger la santé publique ; à conserver nos terres, nos eaux et notre biodiversité ; et à offrir une justice environnementale aux communautés accablées par la pollution. »

Le communiqué du gouvernement américain a été précédé d’une déclaration des six Premières Nations Ktunaxa de la région, qui demandent depuis décembre au Canada de se joindre au renvoi à la Commission mixte. « Nous exigeons un dialogue significatif, a déclaré Nasukin Gravelle, de la première nation de Tobacco Plains.

« La pièce manquante, ici, c’est le refus apparent du Canada de participer à un renvoi conjoint pour faire avancer les choses sur des solutions viables et fondées sur la science. C’est une déception et un triste jour pour la réconciliation lorsque les progrès en matière de lutte contre la pollution de nos cours d’eau sont bloqués par un gouvernement fédéral. »

Teck Resources a elle-même reconnu le problème. L’entreprise a dépensé 1,2 milliard pour le traitement des eaux usées des sites miniers et prévoit de dépenser 750 millions supplémentaires. Elle soutient qu’environ 95 % du sélénium est maintenant éliminé des eaux usées.

Teck conteste toutefois les normes de sélénium « déraisonnablement basses » fixées par le Montana. L’entreprise soutient que ces normes, qui s’appliquent au bassin partagé par les deux pays, sont même inférieures aux niveaux naturels de sélénium dans les rivières en amont des mines.

Pourtant, la Commission mixte a déjà indiqué que les concentrations de sélénium dans certaines parties de ce bassin versant – le lac Koocanusa – sont plus de cinq fois supérieures aux limites fixées par le Montana, bien que les niveaux soient plus bas ailleurs.