(Kingsey Falls) Dans le cadre du « Défi pissenlits », la population de Kingsey Falls, dans le Centre-du-Québec, est invitée à ranger sa tondeuse et à laisser pousser son gazon durant tout le mois de mai. Cette initiative, simple à embrasser, a pour objectif de favoriser la pollinisation de la flore.

« On te demande juste de retarder un peu ta coupe de pelouse, ce n’est pas compliqué ! » Devant son hôtel de ville, le maire Christian Côté se réjouit de la simplicité du concept du Défi pissenlits, qu’il considère comme éducatif et motivant. « C’est le minimum pour faire notre part, ajoute-t-il en souriant. On change les mentalités à moindre coût. »

L’an dernier, le Défi pissenlits se limitait aux terrains de la municipalité, à ceux de la Miellerie King-Distillerie & Hydromellerie, ainsi qu’à ceux de l’entreprise Cascades, principal employeur des environs. Cette année, avec l’appui du conseil municipal, la société papetière tente d’en faire un mouvement citoyen.

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Marie-Eve Chapdelaine, conseillère principale en développement durable chez Cascades

« On veut dire aux gens qu’ils ne sont pas obligés d’avoir un petit tapis vert sur leur terrain. On est rendus ailleurs », affirme Marie-Eve Chapdelaine, conseillère principale en développement durable chez Cascades.

Au passage de La Presse, les attentes des porteurs du projet avaient déjà été dépassées. Les 100 affiches de participation prévues se sont envolées, et Cascades envisage d’en produire un deuxième lot.

« Je n’ai entendu que des commentaires positifs, soutient Emily Knight, membre du comité citoyen En Vert, rencontrée devant sa maison. C’est un geste facile. Tu n’as rien à faire ! »

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Emily Knight, membre du comité En Vert

On n’est pas paresseux : c’est fondé, on le fait pour une raison. Les insectes pollinisateurs contribuent à environ un tiers de notre alimentation. Donc, en participant, on se rend nous-mêmes service.

Emily Knight, membre du comité En Vert

Dans un contexte de crise climatique, où la pollinisation des fleurs par les abeilles est de plus en plus compliquée, cet engouement réjouit Joanne Patenaude, directrice du service horticole de Cascades.

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Joanne Patenaude, directrice du service horticole chez Cascades

« L’un de nos objectifs, c’est que Kingsey soit une ville où il fait bon vivre, mais où on cohabite avec la faune et la flore », soutient-elle.

Abeilles en difficulté

La survie des colonies d’abeilles, principale espèce pollinisatrice au Canada, est en chute libre, selon René Bougie, apiculteur et copropriétaire de la Miellerie King-Distillerie & Hydromellerie. Cela s’explique notamment par l’utilisation « systémique » des pesticides et des herbicides, qui les mettent en danger.

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René Bougie, apiculteur et copropriétaire de la Miellerie King-Distillerie & Hydromellerie

« Ces substances ont comme effet de s’attaquer au système nerveux des abeilles, explique-t-il. Plusieurs d’entre elles ont de la difficulté à revenir à la ruche. J’ai des collègues qui ont vu des abeilles tomber et former des paquets d’insectes morts devant leurs ruches. »

Sans surprise, les changements climatiques ont également un impact. Ils dérèglent la durée de la saison de la pollinisation, qui repose sur la température. « Il doit faire 10 ℃ en continu pour que la floraison recommence et que les abeilles sortent de leur hivernation, illustre René Bougie. Aujourd’hui, il n’y a plus de dates précises, et c’est relié aux changements climatiques. »

« Laissez donc votre tondeuse serrée ! », lance-t-il.

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Présente partout à Kingsey Falls, l’entreprise Cascades y offre environ 1400 emplois.

Municipalité branchée

Outre le Défi pissenlits, Cascades fait déjà des efforts pour laisser une empreinte plus verte sur l’environnement. Spécialisée dans l’emballage, l’entreprise utilise du papier recyclé à 83 %, indique la conseillère Marie-Eve Chapdelaine.

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Christian Côté, maire de Kingsey Falls

À Kingsey Falls, certaines mesures vertes ont été mises en place. Fait notable, il y a une quarantaine de bornes de recharge publiques pour véhicules électriques, dont l’utilisation est parfaitement gratuite dans la municipalité. Le maire Christian Côté a même exprimé la volonté que les prochains véhicules de fonction soient électriques.

« Je pense qu’on a le village le plus branché du Québec, sinon du Canada ! », s’est exclamée la citoyenne Emily Knight.

Pour la suite, les porteurs du Défi pissenlits voient grand. Ils espèrent d’abord qu’un maximum de citoyens y prendront part à Kingsey Falls, et ensuite que le projet sera repris dans d’autres villes.

En savoir plus
  • 1954
    Nombre d’habitants dans la municipalité de Kingsey Falls, qui fait partie de la MRC d’Arthabaska. On dénombre environ 450 portes résidentielles sur son territoire.
    source  : mairie de Kingsey Falls