« Le plus grand défi de l’humanité »
« Le système énergétique mondial est brisé et nous rapproche de plus en plus de la catastrophe climatique », a mis en garde le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, sommant le monde de « mettre fin à la pollution par les combustibles fossiles et d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables ». En conférence de presse, le chef de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) Petteri Taalas, lui, s’est inquiété que la guerre en Ukraine avait éclipsé le changement climatique, qui « reste le plus grand défi de l’humanité ».
Le niveau de la mer en forte hausse
Signe de la gravité de la situation, l’élévation du niveau de la mer s’accélère à un rythme d’environ 3,33 mm par an. Entre 2013 et 2022, il a d’ailleurs bondi de 4,5 mm annuellement avec un pic en 2021, contre 2,1 mm entre 1993 et 2002. À l’heure actuelle, le niveau de la mer est d’environ 100 mm au-dessus de la normale, par rapport au début des années 1990. La température de l’océan a aussi atteint un niveau record l’année dernière.
Des années chaudes, très chaudes
On apprend dans le rapport que les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde. L’année 2021 a d’ailleurs été l’une des plus critiques, avec une température mondiale moyenne d’environ 1,11 °C au-dessus du niveau préindustriel. Au début d’avril, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a prévenu dans un nouveau rapport que de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C est encore possible si les émissions mondiales de gaz à effet de serre plafonnent au plus tard en 2025.
« Pas surprenant »
Pour Damon Matthews, professeur à la Chaire de recherche en climatologie de l’Université Concordia, de telles données ne sont « pas surprenantes ». « Malgré toutes les discussions et les efforts qui sont faits, on ne prend pas réellement encore le problème des changements climatiques au sérieux », dit-il. « Ça montre encore une fois qu’on ne travaille pas encore assez fort. Il y a eu du progrès dans plusieurs domaines, mais ça en prendra beaucoup plus pour régler la crise », évalue l’expert, pour qui il faut surtout du courage politique pour « cesser de ne pas vouloir brimer l’industrie des fossiles ».
Les GES atteignent des sommets
413,2. C’est le nombre de parties par million de dioxyde de carbone dans l’air que le monde a atteint en 2020, un record jamais établi qui représente environ 149 % des émissions qu’on observait avant l’industrialisation. Et ce chiffre semble avoir continué d’augmenter en 2021 et au début de 2022. M. Taalas a d’ailleurs confirmé que les confinements associés à la crise sanitaire n’ont finalement eu aucun impact sur les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Pollution et morts
Une étude du magazine scientifique The Lancet a révélé cette semaine que la pollution causait près de 9 millions de morts par an sur la planète, en date de 2019. Quatre ans après un premier rapport, la situation n’a donc pas évolué : environ une mort prématurée sur six dans le monde est liée à la pollution. Sans surprise, les pays à faible et à moyen revenu sont ceux qui en subissent le plus les contrecoups, concentrant 92 % de ces morts et la majeure partie des pertes économiques qui en découlent.
Avec l’Agence France-Presse
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- Le Canada compte 12 « bombes carbone » qui pourraient faire échouer tous les efforts en vue de limiter les dérèglements climatiques dans les prochaines années. Selon une étude d’experts publiée mercredi dans la revue Energy Policy, ce sont 12 projets d’exploitation d’hydrocarbures qui généreraient des milliards et des milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES).
Source : revue Energy Policy