Quelles résolutions les gouvernements et les citoyens devraient-ils adopter en ce Jour de la Terre ? Des professeurs voués à la cause environnementale se prononcent.

1. Agir collectivement

De l’avis de Philippe Gachon, professeur d’hydroclimatologie à l’UQAM, il est urgent d’agir afin d’améliorer la condition de la planète, tant pour les générations actuelles que pour les générations à venir. « Prenons donc tous ensemble cette double résolution : “Nous, habitants de la Terre, nous nous engageons à : 1) mobiliser notre intelligence collective pour la préserver, réduire notre empreinte écologique et restaurer ses écosystèmes naturels ; 2) agir face à l’urgence climatique afin de sauvegarder toutes les espèces vivantes qui la peuplent aujourd’hui et la peupleront demain.” En somme, saisissons l’occasion de respecter et de préserver la vie sur Terre, peu importe son origine ! »

2. S’affranchir de la dépendance à l’auto

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’autoroute 15, à Montréal

« J’aimerais que les gouvernements et les citoyens et citoyennes abandonnent l’idée que posséder ou utiliser une voiture signifie puissance et liberté et comprennent plutôt que chaque voiture sur la route tue la planète peu à peu », dit Catherine Potvin, professeure titulaire et chercheuse au département de biologie à l’Université McGill. « J’en appelle à une révolution des transports drastique et immédiate dans les campagnes, en banlieue et en ville », lance-t-elle.

Catherine Morency abonde dans son sens. La professeure au département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal demande au gouvernement de « cesser de financer le système d’automobile privé et de laisser croire que l’on ne peut pas développer un réseau québécois [de solutions de rechange] à l’auto solo qui soit efficace ».

La professeure incite également la population à se responsabiliser quant aux effets nocifs de chaque déplacement en voiture. Des choix de mobilité plus raisonnés passeraient ainsi par des transports multimodaux combinant marche, vélo, transports en commun et covoiturage.

3. Considérer la biodiversité dans son ensemble

« Pour la prochaine année, je souhaite que nos gouvernements comprennent que la protection de la biodiversité dépasse la simple protection d’une espèce », affirme Martin-Hugues St-Laurent, professeur d’écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski. « [La biodiversité] renvoie à l’équilibre fragile des processus qui régulent notre climat, purifient notre air et notre eau, et offrent aux populations humaines des services écologiques dont la valeur dépasse souvent de loin celle des retombées économiques à court terme. »

4. Réfléchir à long terme

Élargir leurs horizons au-delà d’un court mandat électoral, voilà ce que le gouvernement et la population devraient faire, selon Marco Festa-Blanchet, directeur du département de biologie de l’Université de Sherbrooke. « C’est avec cette vision axée sur le mandat de quatre ans que les politiciens décident de détruire l’habitat des espèces en péril plutôt que de formuler des plans à long terme pour préserver les emplois et protéger les habitats, souligne-t-il. Et qu’ils décident de faire des troisièmes liens plutôt que de développer des plans pour éviter l’étalement urbain, ou encore de permettre la surpêche plutôt que de développer des plans à long terme permettant une exploitation durable. »

5. Tourner le dos aux énergies fossiles

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Usine de sables bitumineux dans la région de Fort McMurray, en Alberta

« Afin de limiter la hausse du climat à moins de 1,5 °C, il est impératif de mettre fin à l’exploration et à l’exploitation des énergies fossiles à l’échelle mondiale, indique Jérôme Dupras, professeur au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais. Il y a 10 jours, le Québec a adopté une loi qui met fin à jamais à la recherche et à la production d’hydrocarbures sur son territoire, une décision cohérente avec la science et dont on peut se réjouir. Mon souhait pour la prochaine année serait que le gouvernement du Canada lui emboîte le pas et s’engage dans la même direction. »

6. Devenir des chefs de file

La transition énergétique ne pourra se faire qu’avec du leadership et des investissements, selon Damon Matthews. Le professeur au département de géographie de l’Université Concordia souhaite notamment une augmentation des subventions pour se doter d’infrastructures et de systèmes de transport zéro carbone.

Damon Matthews soutient que le militantisme est le moyen le plus efficace pour un citoyen d’accélérer la mise en œuvre de telles politiques. « Comme individus, nous avons la responsabilité de nous assurer que les gouvernements comprennent qu’ils ont notre soutien pour implanter les politiques audacieuses et radicales nécessaires face à cette crise climatique », conclut-il.