Besoin d’une perceuse, d’une machine à coudre, d’un poêle à raclette ? Depuis l’automne dernier, l’organisme Ville en vert propose au public d’emprunter divers objets comme un livre à la bibliothèque. Gros plan sur l’Outil-O-thèque.

Sugir Selliah songeait déjà à effectuer quelques travaux dans son appartement quand elle a entendu parler de l’Outil-O-thèque. « J’étais un peu sceptique au début, mais je me suis dit que j’allais essayer », raconte la jeune femme qui vit dans le quartier Saint-Michel.

Elle a fini par emprunter une perceuse, une cloueuse, une ponceuse. Parfois, le prêt se prolongeait, comme à la bibliothèque quand on n’a pas encore terminé la lecture d’un livre. « Ce sont tous des outils que je n’avais pas. J’aurais pu les louer [dans un magasin de location d’outils], mais c’est assez coûteux, surtout quand on ne s’en sert pas tous les jours », indique-t-elle.

Sugir Selliah est l’une des 635 membres de l’Outil-O-thèque, un projet qui a vu le jour l’automne dernier grâce à l’organisme Ville en vert. Deux points de services sont déjà ouverts, à Cartierville et dans le quartier Saint-Michel, et un troisième doit ouvrir prochainement dans le quartier Parc-Extension.

Un réel besoin

Le concept n’a rien de révolutionnaire, mais il répond à un réel besoin, particulièrement dans les milieux moins nantis où les familles doivent jongler avec un budget serré.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Christophe Derrien, directeur général de Ville en vert. L’Outil-O-thèque, un projet qui a vu le jour l’automne dernier grâce à l’organisme Ville en vert, compte déjà 635 membres.

Prenez un costume d’Halloween. Il est porté deux heures dans une année et l’année suivante, il en faut un autre.

Christophe Derrien, directeur général de Ville en vert

Ainsi, plutôt que d’acheter un costume qui ne servira qu’une fois, les membres de l’Outil-O-thèque peuvent en louer un gratuitement. Car si le catalogue de Ville en vert fait une place importante aux outils, on y trouve aussi plusieurs objets du quotidien. Gaufrier, machine à pâtes, mijoteuse, machine à coudre, détecteur de montants et machine à nettoyer les tapis figurent dans le catalogue.

Chaque membre a droit à trois emprunts gratuits par semaine. Un dépôt remboursable, établi en fonction de la valeur de l’objet, est exigé. Cependant, les personnes qui ne sont pas en mesure de payer le dépôt peuvent communiquer avec Ville en vert.

Rendre l’Outil-O-thèque pérenne

L’équipe de Ville en vert a choisi les objets et les outils pour l’Outil-O-thèque en tenant compte notamment de deux critères : le prix et la fréquence d’utilisation. Une perceuse, par exemple, peut coûter une centaine de dollars alors qu’on ne s’en sert pas nécessairement chaque jour.

« Une perceuse, on s’en sert en moyenne une quinzaine de minutes pendant sa durée de vie », affirme Christophe Derrien, qui cite une étude sur la « consommation collaborative » parue en 2015.

Selon les données compilées par Ville en vert, l’Outil-O-thèque a fait économiser en moyenne 500 $ aux utilisateurs qui ont fait au moins un emprunt depuis l’automne dernier. À ce jour, 400 prêts gratuits ont été enregistrés.

Fort de ces succès, l’organisme souhaite maintenant que le projet devienne permanent. Pour son lancement, l’Outil-O-thèque a bénéficié d’une subvention de 180 000 $ du gouvernement du Canada. Les fonds ont servi à l’achat du matériel ainsi qu’au déploiement de l’outil de réservation et du catalogue en ligne.

Mais Christophe Derrien est bien conscient qu’il lui faudra trouver du financement afin de poursuivre l’aventure. Avec le temps, il faudra réparer des outils et des objets, voire les remplacer.

Notre objectif, c’est de rendre l’Outil-O-thèque pérenne. Il nous faudra des fonds pour l’entretien et les réparations.

Christophe Derrien, directeur général de Ville en vert

Car ce ne sont pas les idées qui manquent à Ville en vert, signale M. Derrien, qui aimerait mettre à profit cette nouvelle expertise. L’organisme aimerait ouvrir d’autres points de service. Il est question aussi de créer des réseaux d’emprunts au sein d’entreprises, où les employés pourraient se partager outils et divers objets.

Avec l’inflation qui touche presque tous les biens de consommation, l’idée pourrait en séduire plusieurs, croit Christophe Derrien.

Sugir Selliah, elle, n’a plus besoin d’être convaincue. « J’ai été agréablement surprise, c’est vraiment une belle initiative. Ça rejoint mes valeurs, et je crois que ça permet de résoudre plusieurs problématiques d’aujourd’hui. »

Consultez le site de Ville en vert Consultez le catalogue de l’Outil-O-thèque

Ville en vert... en bref

Fondé en 1995, l’organisme Ville en vert s’est donné pour mission « de sensibiliser, d’éduquer et de soutenir les citoyens et les organisations en matière de développement durable ». Il gère notamment le programme Éco-quartier dans les arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

En savoir plus
  • Le trio de tête
    Machine à coudre, machine à nettoyer les tapis et appareil de nettoyage à pression sont les trois objets qui sont le plus souvent empruntés à l’Outil-O-thèque.
    Ville en vert