La guerre en Ukraine ralentira-t-elle l’atteinte des cibles de réduction des gaz à effet de serre ? « Au contraire », répond le premier ministre Justin Trudeau. Il s’apprête à dévoiler son plus récent plan pour le climat en compagnie du ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, à Vancouver mardi.

« C’est une question que tout le monde est en train de se poser : est-ce que la guerre en Ukraine, est-ce que la crise énergétique lancée par la Russie va nous ralentir dans notre but d’atteindre la carboneutralité en 2050, même d’atteindre nos cibles de 2030 ? », a-t-il répondu à la question d’une journaliste lundi.

« Et je peux vous dire qu’au contraire, ça nous donne la motivation et l’encouragement d’aller plus vite et d’être plus ferme sur le besoin d’avoir cette transition énergétique pour non seulement ne plus être dépendant du pétrole et du gaz, mais en particulier de ne plus être dépendant en Europe et ailleurs du pétrole et du gaz russes », a-t-il ajouté.

Le ministre Steven Guilbeault a jusqu’à mardi pour déposer au Parlement un nouveau plan national de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), en vertu de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, adoptée l’an dernier.

Ce plan précisera les cibles à atteindre par secteur afin que le Canada atteigne sa plus récente cible climatique d’ici 2030. Le gouvernement s’est engagé à réduire les GES de 40 à 45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.

Justin Trudeau promet un plan « extrêmement ambitieux » qui tient compte de la transition des travailleurs qui œuvrent dans des industries polluantes comme l’industrie pétrolière et gazière. Il a reconnu que « des années difficiles » s’en viennent à cause de « la décision de Vladimir Poutine d’envahir de façon illégale l’Ukraine et de déstabiliser non seulement l’énergie dans le monde, mais la situation de sécurité alimentaire. »

Trop ou pas assez

Les conservateurs ont passé une bonne portion de la période des questions, lundi, à réclamer l’annulation de la hausse de la taxe sur le carbone prévue le 1er avril dans les provinces où elle s’applique. Le prix augmente de 10 $ la tonne annuellement et doit atteindre 50 $ cette année.

« La réalité et les faits, c’est que l’inflation n’a jamais été aussi haute – à 5,7 % – depuis les 40 dernières années, a fait valoir le député Gérard Deltell. […] Une façon d’aider les Canadiens contre l’inflation, c’est justement d’annuler cette hausse de taxe. »

Le Bloc québécois presse plutôt le gouvernement de s’attaquer « à son plus grand pollueur : le secteur gazier et pétrolier ». « Dans son plan, le ministre doit, premièrement, plafonner la production de pétrole ; deuxièmement, s’engager à ne plus approuver de nouveaux projets d’extraction des hydrocarbures et, troisièmement, abolir toutes les subventions aux énergies fossiles », a demandé la députée Kristina Michaud.

Le Nouveau Parti démocratique veut que le plan contienne une « limite stricte » pour la production d’énergies fossiles. « Brûler la planète peut paraître censé pour faire des affaires, mais cela condamne nos enfants à un avenir épouvantable », a déclaré le député Charlie Angus, sans manquer de rappeler l’effondrement de la banquise Conger en Antarctique la semaine dernière.

Sans même avoir vu le plan libéral, la députée et ex-cheffe du Parti vert a souligné qu’il serait voué à l’échec. « Malheureusement, nous savons que nous ne parviendrons pas à répondre à l’urgence climatique », a affirmé Elizabeth May. Elle a rappelé qu’il faudrait des coupes profondes et rapides dans les GES d’ici 2030 pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C par rapport au niveau préindustriel, comme le stipule l’Accord de Paris sur le climat.

Avec La Presse Canadienne