(Québec) Le gouvernement Legault a rejeté mardi une motion qui l’enjoint à respecter la loi sur le développement durable, concernant la hausse controversée du taux de nickel permis dans l’air.

La motion déposée par le Parti québécois (PQ) demandait à la Coalition avenir Québec (CAQ) d’appliquer le « principe de précaution » contenu dans la loi, avant de décider de multiplier par cinq le taux de nickel autorisé.

Si le gouvernement va de l’avant à la demande de l’industrie, la norme de particules de nickel dans l’air passerait de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube par jour.

Cela a provoqué une mobilisation importante, notamment dans le secteur Limoilou à Québec. Même le maire de Québec, Bruno Marchand, s’est prononcé contre le projet.

Dans un avis récent, la Direction de la santé publique a rappelé que la justification de la nouvelle norme projetée n’était « pas d’ordre toxicologique, mais plutôt économique », a souligné la députée libérale Isabelle Melançon, à la période de questions.

« Ça fait deux ans que le gouvernement demande aux citoyens d’écouter la Santé publique, et que fait le gouvernement ? L’inverse de ce qu’il demande aux Québécois. »

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a indiqué avec ironie que c’est le gouvernement libéral précédent qui avait lancé des consultations sur cet enjeu.

« On entend ces inquiétudes (sur la qualité de l’air dans le secteur Limoilou) », a-t-il expliqué.

« Nous regardons comment rassurer la population sur la qualité de l’air dans le secteur. Mais, en même temps, il faut dire la vérité aux gens du secteur : c’est que la nouvelle norme, elle est proposée en vertu de règles scientifiques claires et établies. »

La motion pilotée par le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, rappelle le principe de précaution : « lorsqu’il y a un risque de dommage grave ou irréversible, l’absence de certitude scientifique complète ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir une dégradation de l’environnement ».

La motion demandait au gouvernement de renoncer à l’affaiblissement des normes, mais le leader parlementaire adjoint du gouvernement, Sébastien Schneeberger, a refusé qu’elle soit débattue.

En vertu du principe de précaution convenu dans les ententes internationales, il vaut mieux agir pour prévenir les risques en matière de santé ou d’environnement, même en cas de manque de connaissances techniques ou scientifiques.