En 2021, les changements climatiques ont continué de modifier profondément les deux pôles terrestres. Alors qu’un rapport attendu confirme que des changements importants sont en cours en Arctique, des scientifiques s’inquiètent des transformations rapides qui risquent de modifier le continent antarctique. Gros plan.

Des transformations dramatiques en Arctique

Un rapport dévoilé mardi par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) illustre la rapidité avec laquelle l’Arctique se transforme en raison des changements climatiques. Le document intitulé Arctic Report Card 2021 fait le point sur de nombreux indicateurs considérés comme les « signes vitaux » pour cette région, qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. « Le bulletin Arctic Report Card de cette année continue de montrer comment les impacts des changements climatiques d’origine humaine propulsent la région arctique dans un état radicalement différent de ce qu’elle était il y a quelques décennies à peine », a affirmé l’administrateur de l’agence américaine, Rick Spinrad, en conférence de presse.

De plus en plus chaud

La période s’étalant d’octobre 2020 à septembre 2021 a été au septième rang des plus chaudes en Arctique depuis 1900, année où les premiers relevés ont été effectués. Cette hausse des températures a bien sûr de nombreuses conséquences dans la région. Le 30 juin 2021, un record de chaleur a été enregistré à la station météo de Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, avec 39,9 ℃. Signalons que l’ONU a validé mardi un autre record datant du 20 juin 2020 dans la ville russe de Verkhoïansk, où le mercure a grimpé à 38 ℃. L’une des manifestations les plus visibles de ce réchauffement est le verdissement de la toundra, qui s’observe d’ailleurs de façon plus prononcée en Alaska et dans le Grand Nord canadien.

Le volume de glace diminue

À la fin de l’hiver 2021, le volume de glace dans l’Arctique était le plus faible enregistré depuis 2010, poursuivant la tendance observée depuis plusieurs années. De la pluie au Groenland a aussi été observée durant le mois d’août, un phénomène qui risque fort de se répéter au cours des prochaines années, accélérant au passage la fonte des glaces et du couvert de neige. Si les écosystèmes de la région sont les premiers affectés par ce réchauffement, des villes plus au sud seront inévitablement victimes de la hausse du niveau de la mer dans un avenir plus ou moins rapproché. « Cette hausse du niveau des océans aura des impacts sur des milliards des personnes », rappelle d’ailleurs Lawrence Mudryk, chercheur à Environnement Canada.

Des tendances alarmantes

Pourquoi faut-il se préoccuper de ce qui se passe en Arctique ? « Les tendances sont alarmantes et indéniables. Nous sommes confrontés à un moment décisif », a indiqué le patron de la NOAA, Rick Spinrad. « Nous devons prendre des mesures pour faire face à la crise climatique. » Selon Lawrence Mudryk, cette région nous montre en quelque sorte ce qui se passera dans d’autres régions du monde. « Les changements climatiques ont déjà modifié l’Arctique. Ça ne se passera pas de la même façon plus au sud, les changements seront différents, mais ça va arriver. Ce que je veux rappeler aux gens, c’est que chaque degré de moins, chaque portion de degré supplémentaire que nous éviterons seront les bienvenus. »

Des inquiétudes en Antarctique

À l’autre extrémité du globe, des scientifiques craignent de voir le glacier de Thwaites se séparer du continent antarctique d’ici dix ans, voire d’ici trois à cinq ans. À lui seul, ce glacier – aussi gros que le Royaume-Uni – a le potentiel de faire grimper le niveau des océans de quelques pieds. Un tel évènement pourrait aussi avoir des conséquences importantes sur le reste du continent, puisque ce glacier sert de soutien pour une partie de l’Antarctique, a expliqué la glaciologue Erin Pettit dans une conférence tenue cette semaine au Congrès de l’Union américaine de géophysique. Dans cette partie du monde, le moindre changement risque dorénavant de provoquer une série de réactions en chaîne dont on pourrait ressentir les effets partout sur la planète.

Les sept signes vitaux de l’Arctique

1. La température à la surface

2. Le couvert de neige

3. La calotte glaciaire du Groenland

4. Les glaces de mer

5. La température à la surface de l’océan

6. La productivité marine

7. Le verdissement de la toundra

Source : Arctic Report Card 2021

Les coûts des catastrophes naturelles en hausse

Les coûts des catastrophes naturelles en 2021 ont totalisé 250 milliards de dollars, selon une première estimation publiée mardi par le réassureur Swiss Re, en hausse de 24 % par rapport à 2020. « En 2021, les pertes assurées engendrées par les désastres naturels ont à nouveau excédé la précédente moyenne sur dix ans », a constaté le groupe qui fait office d’assureur pour les assureurs, soulignant que la tendance va dans le sens d’une augmentation de 5 à 6 % par an des pertes pour les assureurs au cours des dernières décennies. La catastrophe naturelle la plus coûteuse pour les assureurs cette année a été la tempête Ida, qui a notamment entraîné des inondations à New York, pour laquelle la facture pour les assureurs est estimée aux alentours de 30 à 32 milliards de dollars.

Agence France-Presse