Réduire son empreinte écologique pendant la période des Fêtes représente parfois tout un défi. C’est ce que propose pourtant la galerie d’art L’Original, qui invite le public à recycler de vieux objets pour les transformer en cadeaux que personne d’autre ne recevra sur la planète.

Si tout se déroule comme prévu, l’artiste australien Alex Grilanc ne chômera pas du 16 au 21 décembre prochains. Chaque journée ressemblera pour lui à une séance de rencontres rapides, ou speed dating, à la différence près qu’il ne rencontrera pas seulement des personnes, mais aussi des objets.

Ces objets, ce sont ceux que le public lui présentera lors de l’évènement baptisé « Merry Capitalismas ». De quels objets parle-t-on ? « On pourra apporter ce qu’on veut », signale Dorian Verdier, fondateur de la galerie L’Original, située dans le Vieux-Montréal. Un vieux tabouret, un vêtement, une lampe, même une toile dont on voudrait se débarrasser.

Après une discussion entre le client et l’artiste, celui-ci se mettra immédiatement au travail, en échange d’une rémunération dont on aura convenu à l’avance. « L’idée, c’est de faire vivre à nouveau des objets avec le recyclage. Mais il y aura aussi un message », explique Dorian Verdier. C’est que l’évènement organisé par la galerie en cette période des Fêtes se veut en quelque sorte une critique du capitalisme et de la société de consommation.

Le consumérisme est d’ailleurs la principale source d’inspiration d’Alex Grilanc, qui ne se gêne pas pour critiquer le gaspillage ou encore un modèle économique basé sur une croissance à l’infini à travers ses œuvres. « Il y a un tel gaspillage des ressources, c’est tout notre système qui est organisé de cette façon », affirme l’artiste qui vit à Montréal depuis trois ans.

  • Œuvre à la galerie L’Original

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Œuvre à la galerie L’Original

  • Œuvre à la galerie L’Original

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Œuvre à la galerie L’Original

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Étudier « la bête »

Le consumérisme, c’est aussi d’une certaine façon le « modèle d’affaires » de L’Original, une organisation sans but lucratif fondée en 2018 par Dorian Verdier, jeune Français débarqué à Montréal il y a quatre ans. Ce choc culturel, sans être brutal, lui a permis de mieux comprendre le phénomène. Il faut dire que le jeune homme arrivait directement d’une commune française de moins de 800 habitants, Saint-Baudille-de-la-Tour, située près de Lyon.

Son objectif était de venir étudier « la bête » en Amérique du Nord, pour mieux comprendre ses rouages. Il s’est donc inscrit en économie appliquée et en marketing à HEC Montréal.

Tout comme Alex Grilanc, l’une des choses qui ont frappé Dorian Verdier à son arrivée à Montréal, c’est la quantité d’objets de toutes sortes qui se retrouvent à la rue. Dans la foulée, il s’intéresse à l’art de la rue (street art) qui foisonne à Montréal.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Dorian Verdier, fondateur de la galerie L’Original

Montréal, c’est un véritable musée à ciel ouvert. Moi, dans ma petite commune, je n’avais jamais vu ça.

Dorian Verdier, fondateur de la galerie L’Original

Il est aussi choqué de voir que des artistes « donnent autant et ne gagnent pas leur vie ».

Le jeune homme commence alors à organiser des évènements où des artistes de rue, souvent un peu fauchés, s’exécutent sur des objets apportés par le public. Le succès est instantané, et rapidement, l’idée s’impose : il faut une galerie en guise de vitrine. L’Original est née.

Rapide et créatif

Lors du passage de La Presse à la galerie, rue Saint-Paul, Alex Grilanc travaillait sur une lampe sur pied trouvée dans la rue par Dorian Verdier. Comment se sent-il à la veille d’une séance d’improvisation qui s’étalera sur plusieurs jours ? « Je suis excité par le défi, j’aime improviser », dit-il. « Alex est très bon, il peint extrêmement vite et il est très créatif », ajoute M. Verdier.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Alex Grilanc à l’œuvre

Alex Grilanc dit ne pas regretter son choix d’être venu s’installer à Montréal. Alors qu’il se préparait à quitter Sydney, en Australie, il hésitait entre Toronto et Vancouver comme terre d’accueil. C’est un ami qui lui a recommandé la métropole québécoise. « Je ne regrette pas mon choix, j’ai même marié une Québécoise ! »

L’artiste, qui s’inspire des travers de la société de consommation, a cependant été étonné par certaines pratiques. La journée du 1er juillet, où des milliers de personnes déménagent en même temps, est l’une d’elles.

Le 1er juillet, c’est une bonne journée pour découvrir ce que les gens possèdent. Tant de choses sont mises à la rue. J’ai même récupéré des vêtements que je porte encore.

Alex Grilanc, artiste

Le temps des Fêtes, ce n’est pas le 1er juillet, mais Alex Grilanc et la galerie L’Original invitent le public à imaginer une seconde vie pour un objet qui pourrait autrement se retrouver aux poubelles. Qui sait, le résultat pourrait vous convaincre d’y penser à deux fois avant de vous débarrasser de vos vieilles affaires…

L’évènement « Merry Capitalismas » se tient à la galerie L’Original, au 163, rue Saint-Paul Ouest, du 16 au 21 décembre.