(Québec) L’opposition s’inquiète de la qualité de l’eau à proximité des nombreux puits d’hydrocarbures forés dans la vallée du Saint-Laurent.

Le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) réclament des évaluations scientifiques sur la qualité des eaux souterraines, à la suite de données inquiétantes sur la dégradation de la qualité de l’eau dans le secteur de Murdochville, en Gaspésie, même plusieurs années après des forages exploratoires du projet Bourque.

Le PQ et QS font écho à plusieurs groupes écologistes, qui réclament ces données sur la contamination des eaux à proximité de tous les puits d’hydrocarbures forés au cours des 20 dernières années.

« Oui, il y a vraiment un danger pour la qualité de l’eau, l’eau potable, et pour les résidents », a commenté la députée péquiste de Gaspé, Méganne Perry Mélançon, en conférence de presse mercredi matin au parlement.

« Et là on connaît le portrait pour Bourque à Murdochville, mais il y a combien d’autres eaux qui sont à décontaminer ? a-t-elle demandé. C’est exactement pour ça qu’il faut avoir un inventaire complet depuis les 20 dernières années, donc plus loin que le règlement de 2014, pour aller vraiment au fond de l’histoire. »

QS réclame des évaluations indépendantes pour qu’on tire au clair l’état des sources d’approvisionnement en eau partout où des forages ont été effectués.

« Je dis au ministre (des Ressources naturelles) Jonatan Julien : puisqu’on ne le sait pas, pouvez-vous nous donner les moyens de le savoir ? a déclaré la députée Manon Massé, de QS. Et les moyens, ça s’appelle des évaluations faites par des firmes indépendantes. »

Considérant ce risque de contamination des eaux souterraines dans les zones de forages, il est hors de question, selon le PQ et QS, d’indemniser les entreprises pétrolières qui le réclament.

En effet, depuis que le gouvernement Legault a annoncé qu’il allait mettre fin à toute activité de recherche et d’exploitation des hydrocarbures sur le territoire québécois, des entreprises ont laissé entendre qu’elles réclameraient une indemnisation pour les permis et droits qu’elles ont acquis.

« Ces entreprises savaient, avant d’investir au Québec, que les hydrocarbures étaient en train d’amener la planète dans ce qu’on est en train de vivre présentement, a affirmé Mme Massé. Alors, pourquoi on les compenserait sinon que parce qu’on est complaisants ? »

« On peut également déjà envoyer le signal qu’il n’y aura aucune indemnisation aux pétrolières », a aussi renchéri Mme Mélançon.

Les groupes écologistes déplorent notamment l’absence de données sur les eaux souterraines à proximité de 19 puits forés avec la méthode de la fracturation hydraulique, sur les 31 forés dans la vallée du Saint-Laurent.

Selon ce front d’organisations écologistes, il est inconcevable que des entreprises pétrolières exigent une indemnisation, alors qu’on ne connaît pas l’état de la contamination des nappes phréatiques provoquée par les forages successifs au cours des années.

Selon ces groupes, « des dizaines de milliers de puits de pétrole et de gaz abandonnés sont toujours en attente de décontamination, la population est aux prises avec des émanations toxiques qui se présentent sous forme d’éruptions spontanées et non contrôlées, notamment de sulfure d’hydrogène qui est une substance connue pour avoir des impacts néfastes sur la santé humaine ».

Parmi les organismes qui s’allient pour cette démarche, il y a notamment Greenpeace, la Fondation David Suzuki, Équiterre, Nature Québec, Eau Secours, l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) et Solidarité Gaspésie.