Après la Colombie-Britannique, au tour des provinces atlantiques de recevoir des précipitations record dans un court laps de temps. Routes coupées en deux, écoles fermées, maisons inondées : Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse n’ont pas été épargnées par dame Nature qui a frappé encore une fois.

À Sydney, dans l’île du Cap-Breton, le téléphone de Dean Keats sonne sans cesse depuis 24 heures. L’entrepreneur spécialisé dans les travaux de rénovation après sinistre a déjà reçu une cinquantaine d’appels de compagnies d’assurance afin d’aller évaluer les dommages chez des clients inondés. « J’ai travaillé jusqu’à 3 h cette nuit et j’ai recommencé à 7 h ce matin. Ça n’arrête pas. »

L’homme qui a fait ses études collégiales au Québec dit avoir visité des maisons qui avaient presque un demi-mètre d’eau dans leur sous-sol. « Les prochains jours et les prochaines semaines seront très occupés. »

Le Cap-Breton, dans le nord-est de la Nouvelle-Écosse, a été l’une des régions les plus durement touchées par les pluies torrentielles qui sont tombées sur les provinces atlantiques dans les deux derniers jours. Sydney a reçu 150 mm de pluie, tandis qu’Ingonish River, à une centaine de kilomètres au nord de Sydney, a écopé de 274 mm.

« C’est une tempête qui avance lentement, elle laisse donc beaucoup de pluie », explique Bob Robichaud, météorologue à Environnement Canada. Mais pour la Nouvelle-Écosse, c’est pas mal terminé, ça se déplace maintenant vers Terre-Neuve. »

Certains secteurs de la Nouvelle-Écosse ont tout de même reçu 278 mm de pluie, fracassant un record de précipitations en 24 heures de 143 mm qui remontait à 1971.

« C’est difficile de lier cet évènement en particulier aux changements climatiques, reconnaît M. Robichaud. Mais c’est compatible avec ce qu’on sait à ce sujet. Un climat plus chaud augmente la concentration en humidité avec des pluies plus importantes. »

Les évènements récents sur les côtes pacifique et atlantique illustrent bien à quel point les régions côtières du Canada sont parmi les plus vulnérables au pays face au réchauffement planétaire.

« Une des pires tempêtes que j’ai vues »

La tempête a particulièrement fait mal dans l’est de la Nouvelle-Écosse, dans les comtés d’Antigonish, de Victoria et d’Inverness. L’état d’urgence a été déclaré dans le comté de Victoria, où les écoles ont été fermées. Dans la journée de mercredi, le Bureau de gestion des urgences de la Nouvelle-Écosse a aussi demandé aux résidants de ces comtés de vérifier l’état des routes avant de prendre le volant. Plusieurs tronçons de route ont été emportés par des glissements de terrain.

À Terre-Neuve, la route Transcanadienne a été fermée à plusieurs endroits : la crue ayant endommagé la chaussée. À Port-aux-Basques, une seule voie d’accès de l’autoroute était ouverte. Le service de traversier reliant l’île à la Nouvelle-Écosse a aussi été suspendu temporairement en raison des conditions météo. Le transport des marchandises vers Terre-Neuve est également perturbé.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE LA GRC TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR

Section affaissée de la route Transcanadienne à Terre-Neuve

« Ça fait au moins cinq, six ans que je n’ai pas vu une tempête aussi forte », a confié à La Presse Steve Vardy, qui vit à Corner Brook. À Port-aux-Basques, à 200 km au sud, la pluie a littéralement fait déborder le réseau d’égouts de la ville de quelque 4000 habitants. « C’est l’une des pires tempêtes que j’ai vues », affirme Bruce Edwards.

On est habitués au vent, mais c’est la première fois que je vois autant de pluie. Ça vient de se calmer, mais on ne peut entrer dans la ville ni en sortir. Ça risque d’être comme ça pour quelques jours encore.

Bruce Edwards, résidant de la Nouvelle-Écosse

La ville a reçu 147 mm de pluie dans la journée, soit presque autant qu’en un mois, alors que les précipitations pour tout le mois de novembre sont en moyenne de 160 mm.

Sur Twitter, le premier ministre Justin Trudeau a offert son soutien aux populations des provinces atlantiques « qui subissent des conditions météorologiques extrêmes ». « On est là pour vous, et on est prêt à apporter toute aide dont vous et votre communauté pourriez avoir besoin », a-t-il écrit.

La Colombie-Britannique croise les doigts

PHOTO JENNIFER GAUTHIER, REUTERS

Une partie de la route Transcanadienne reste partiellement submergée par les eaux, à Abbotsford, l’un des secteurs les plus touchés par la crue des eaux en Colombie-Britannique au cours des derniers jours.

Jusqu’à 70 mm de pluie pourraient tomber sur la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, dans les prochaines heures. Le maire d’Abbotsford, la ville la plus durement touchée dans la région, a dit avoir bon espoir que les travaux de réparation effectués sur la digue entourant la prairie du Sumas permettront de contenir les nouvelles précipitations. « Nous sommes prêts autant que nous pouvons l’être pour ce qui s’en vient. » Mais Henry Braun a aussi reconnu que la situation était loin d’être réglée, évoquant des problèmes de contamination après les inondations qui ont notamment emporté voitures, tracteurs et fertilisants agricoles. « Continuez de prier pour nous, nous en avons désespérément besoin. » À Ottawa, la Chambre des communes a annoncé qu’elle tiendrait un débat d’urgence sur les inondations dans la province.