(Glasgow) D’âpres discussions se poursuivaient vendredi à la COP26 sur un nouveau projet de déclaration finale appelant à accélérer la baisse des émissions de gaz à effet de serre, aider les pays pauvres face aux catastrophes et limiter les énergies fossiles.

À quelques heures de la fin prévue à 18 h GMT (13h, heure de l'Est) de cette conférence mondiale sur le climat, considérée comme cruciale pour remettre sur les rails la lutte contre le changement climatique, la présidence britannique a publié ce nouveau « draft », déjà fruit de longues négociations.

La publication du nouveau texte n’a pas éteint les contentieux, et les discussions devraient conduire la COP26 aux prolongations.

« On va y arriver. On n’y est pas encore », a lancé l’émissaire américain John Kerry en arrivant pour une nouvelle séance de négociations en fin de matinée.

Simon Steele, ministre du Climat de la Grenade, s’affichait « prudemment optimiste », tout en soulignant qu’en l’état le texte représentait le « strict minimum ».

La réduction des émissions est considérée comme une priorité absolue alors que le monde se dirige toujours vers un réchauffement « catastrophique » de +2,7 °C, selon l’ONU, malgré les nouveaux engagements à l’échéance 2030 annoncés juste avant et depuis le début de la COP.

L’accord de Paris fixe l’objectif de contenir la hausse de la température « bien en deçà » de +2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5 °C.

La présidence britannique a d’ailleurs fait du slogan « Maintenir 1,5 en vie » son mantra, alors que se multiplient les signes des effets du changement climatique, sécheresses, inondations, canicules, avec leur cortège de dégâts et de victimes.

Le texte appelle donc les États membres à relever leurs engagements de réduction d’émissions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022.

Mais cette révision doit être faite « en prenant en compte les circonstances nationales particulières », ouvrant la voie à des aménagements pour certains pays, qui ne figuraient pas dans la première version.

Pas en ligne

Ce maintien a été salué par plusieurs observateurs, même si le Fonds mondial pour la nature (WWF) relevait par exemple qu’il « n’est toujours pas en ligne avec (l’objectif de) +1,5 °C ».

Symboliquement, le texte conserve aussi une référence à une sortie des financements des énergies fossiles et de l’utilisation du charbon. Une première remarquée, puisque les énergies fossiles ne sont même pas mentionnées dans l’accord de Paris, clé de voûte de la diplomatie du climat.  

Mais la formulation est adoucie par rapport à la première version qui appelait à « accélérer la sortie du charbon et des financements aux énergies fossiles ». Les pays sont maintenant encouragés à limiter les financements « inefficaces » aux énergies fossiles et à accélérer la sortie de l’utilisation du charbon « sans système de capture » du carbone, encore balbutiants.

Sur les très controversées questions de l’aide aux pays pauvres, la nouvelle version du texte appelle toujours les pays riches à remplir, et même aller au-delà, de leur promesse non tenue de fournir 100 milliards de dollars par an. Et à doubler d’ici 2025 l’aide spécifiquement consacrée à l’adaptation aux effets du changement climatique, alors que c’est le financement des réductions d’émissions qui capte 75 % du total.

Les pays pauvres estiment cette répartition particulièrement « injuste », puisqu’ils représentent une part insignifiante des émissions mondiales, mais subissent déjà les conséquences les plus sévères du réchauffement.

Réparer une injustice

Ils insistent donc également pour que les financements prennent en compte les « pertes et préjudices » qu’ils subissent déjà. Sur ce point, le texte propose d’accélérer la mise en œuvre de dispositifs déjà prévus et la création d’un « dispositif d’assistance technique ».

Mais sans donner de chiffres, alors que les estimations de besoins toutes enveloppes confondues des groupes de pays moins développés vont maintenant de 750 milliards à 1300 milliards de dollars par an.

Le nouveau texte a suscité des réactions mitigées.  

La référence aux énergies fossiles est « très importante et historique », a estimé Bob Ward, de la London School of Economics.

Mais Greenpeace a dénoncé « l’affaiblissement considérable » de cette référence, tout en encourageant la présidence britannique à « se battre bec et ongles pour préserver les éléments les plus ambitieux » du texte.

Pour Harjeet Singh, du réseau Climate Action Network, qui regroupe plus de 1500 ONG du monde entier, « les pays riches considèrent la finance climat comme une aumône ou une faveur pour amener les pays en développement à accepter de mauvaises décisions. Mais on parle de sauver des vies, de réparer une injustice pour bâtir un avenir sûr pour tous ».