Des marcheurs ayant parcouru une partie du Québec pendant un mois et demi pour réclamer la protection des forêts du sud de la province sont arrivés dans la Vieille Capitale où une rencontre avec le ministre de l’Environnement est prévue la semaine prochaine.

La Grande Marche de la protection des forêts a officiellement pris fin samedi après-midi au parc de la Pointe-aux-Lièvres avec la tenue d’un rassemblement pour demander au gouvernement Legault d’aller de l’avant avec 83 projets d’aires protégées. Ceux-ci ont été abandonnés au profit d’une possible exploitation forestière, à la suite d’un veto du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

L’initiative a réussi à retenir l’attention de Québec. Une rencontre entre au moins un des organisateurs de la mobilisation, une femme autochtone et le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, est prévue mardi prochain.

« C’est le début d’une conversation. L’effort de nos jambes, de nos cœurs et aussi toute la concertation qu’on a récoltée avec les scientifiques, les citoyens et les groupes environnementaux ; ça fait tellement l’unanimité que je pense que c’est le gros bon sens qui parle. J’espère que ça va être entendu », a commenté l’un des instigateurs de la Grande Marche et botaniste, Patrick Gravel, à La Presse Canadienne.

Lui et neuf autres personnes – dont un marcheur de 10 ans et un de 80 ans – ont débuté leur marche le 6 septembre dans la municipalité de Ripon en Outaouais. Des citoyens se sont joints à eux pendant un moment durant leur périple.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette

« Parfois, on a été une centaine à marcher. Ceux qui ont fait le long cours ont marché 565 kilomètres. Il y a des gens là-dedans, leur maison a brûlé en chemin et ils ont décidé de continuer jusqu’au bout. Aucun n’a abandonné malgré les épreuves et les blessures », résume au téléphone, M. Gravel.

D’autres groupes de marcheurs sont partis de différentes régions et des participants ont navigué en canot notamment sur le fleuve pour converger vers Québec. Des marches locales ont aussi eu lieu. Des communautés autochtones ont également pris part à la mobilisation.

M. Gravel veut faire valoir au gouvernement que la nature a joué un rôle de « thérapeute » depuis le début de la pandémie, qu’elle a pris soin de la santé mentale de la population.

« On ne demande pas la lune. On demande 1,5 % du territoire, », a-t-il soutenu.

Pour réaliser son engagement de protéger 17 % du territoire et des forêts québécois, le gouvernement Legault s’est tourné au nord du 49e parallèle où il y a moins de biodiversité. Selon M. Gravel, cette avenue ne permet pas de conserver ce qui est réellement menacé par l’activité humaine.

Les demandes de la Grande Marche contiennent aussi la création d’un observatoire indépendant des forêts, l’instauration d’une loi pour protéger les boisés urbains et périurbains ainsi que des mesures immédiates pour la protection de la biodiversité.

L’initiative a également porté un volet éducatif sur le thème « Toi, mon espèce rare ». Les marcheurs ont rencontré des jeunes qui ont créé des dessins et écrit des messages sur l’importance pour eux de la biodiversité et des espèces rares. Un enfant doit remettre ces créations au ministre lors de la rencontre.