Les villes plantent des arbres dans les rues et les parcs. Des organisations en plantent dans les cours d’école et sur les terrains institutionnels. Mais vous seul pouvez en planter sur votre propre terrain. Et parfois, cette pousse, toute jeune, finira par transformer votre bout de rue, votre coin de ruelle et, pourquoi pas, tout votre quartier.

C’est du moins ce qu’espère la campagne Un arbre pour mon quartier, chapeautée par la Société de verdissement du Montréal métropolitaine (SOVERDI) et le Regroupement des éco-quartiers de Montréal depuis 2013. Cet automne, le chiffre symbolique du 21 000arbre planté dans le sol montréalais sera atteint, grâce à ce programme où chaque personne peut avoir un impact.

Cette différence, Robin Bournival et Izmir Alejandra Hernandez l’ont tout de suite sentie, lorsqu’ils ont planté un pommier Royal Gala au fond de leur cour il y a deux ans, dans le quartier Saint-Michel à Montréal.

« C’est un petit geste qui ne prend pas grand-chose, qui n’est pas difficile à réaliser, mais qui ramène la vie. Les bibittes reviennent, les oiseaux aussi, s’émerveille encore Robin Bournival. Ce qui me fait capoter, c’est que personne d’autre ne le fait ! », ajoute-t-il avec un grand geste pour montrer les environs.

En effet, si un endroit à Montréal a besoin de verdissement, c’est bien cette ruelle remplie de béton, de garages et de pneus à l’abandon. Même la cour du duplex que le couple a acheté il y a maintenant quatre ans était une véritable cour à scrap, avec des matériaux de construction, des gallons d’huile et d’essence. « Ça nous a pris deux ans à tout nettoyer », se souvient Robin Bournival.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Robin Bournival et sa conjointe, Izmir Alejandra Hernandez, ont planté un pommier Royal Gala dans leur cour du quartier Saint-Michel, grâce à la campagne Un arbre pour mon quartier.

À maturité, le jeune pommier devrait mesurer quatre ou cinq mètres de hauteur, et avoir une ramure d’environ la même largeur. « Il va falloir faire attention pour que les pommes ne tombent pas sur la voiture du voisin », observe Robin Bournival en riant.

Mais ce n’est pas que des pommes que le pommier fournira aux environs. « Un arbre, en pleine canicule, va réduire la température à proximité de 1 à 2 °C, explique Meggy Legault, étudiante à la maîtrise en foresterie urbaine à l’Université de Montréal (elle n’a pas de lien avec le programme Un arbre pour mon quartier). Ça ne paraît pas beaucoup, mais c’est énorme », ajoute-t-elle.

La prochaine étape pour les Bournival-Hernandez ? Planter un autre « arbre pour mon quartier », une fois la clôture refaite. « Peut-être un arbre qui fait des fleurs au printemps, des grosses fleurs blanches. Ou un autre arbre fruitier. Un prunier, peut-être », réfléchit à voix haute Robin Bournival.

Une initiative qui a fait ses preuves

Au fil des ans, le programme Un arbre pour mon quartier a amélioré ses façons de faire. Les arbres sont en partie subventionnés par la Ville de Montréal, ce qui les rend beaucoup moins chers que dans une pépinière, soit de 25 $ à 55 $ (comparativement à des prix allant de 60 $ à 100 $ pour les mêmes espèces en pépinière).

  • Pépinière de l’organisme SOVERDI avec l’oratoire Saint-Joseph au loin

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Pépinière de l’organisme SOVERDI avec l’oratoire Saint-Joseph au loin

  • Arbre en pleine croissance

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    Arbre en pleine croissance

  • Dara Larfeuil-Peressini, chargée de projet chez SOVERDI et ingénieure forestière, se promène dans la plantation.

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    Dara Larfeuil-Peressini, chargée de projet chez SOVERDI et ingénieure forestière, se promène dans la plantation.

  • Dara Larfeuil-Peressini au travail

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    Dara Larfeuil-Peressini au travail

  • Des spécimens de la pépinière de l’organisme SOVERDI

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    Des spécimens de la pépinière de l’organisme SOVERDI

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Une fois achetés, les arbres sont distribués par les éco-quartiers des différents arrondissements, ce qui les rend aussi plus faciles d’accès. « L’initiative vise à démocratiser la plantation d’arbres urbains, en rendant l’arbre accessible au citoyen », explique Dara Larfeuil-Peressini, chargée de projet chez SOVERDI et ingénieure forestière.

Le site internet de la campagne foisonne d’informations, allant de comment choisir un arbre à comment bien le planter et l’entretenir. Si, malgré tous les efforts d’un acheteur, un arbre vient à avoir des difficultés, une garantie d’un an est aussi en place.

On a remarqué que quand les gens plantent les arbres eux-mêmes, ils s’y attachent plus et ils en prennent soin.

Dara Larfeuil-Peressini, chargée de projet chez SOVERDI et ingénieure forestière

Avis aux amateurs de feuillages : l’inscription à la campagne de l’automne 2021 se termine le 27 septembre et les arbres seront distribués à la mi-octobre. Près de 70 essences d’arbres sont offertes – un record. « La clé, c’est le mot “diversité”. Surtout en quartier urbain, parce qu’on a tendance à faire des monocultures – tu passes dans une rue et ce ne sont que des érables, cordés, des deux côtés de la rue, précise Meggy Legault. Mais les arbres n’apportent pas tous la même chose dans une forêt », ajoute-t-elle en saluant l’initiative.

L’automne est la meilleure saison pour planter un jeune arbre, ajoute Jessyca Farrugia, responsable des communications chez SOVERDI, parce que le jeune arbre pourra entrer en dormance pendant l’hiver et sera arrosé par la fonte de la neige au printemps.

« Les arbres ont beaucoup de bienfaits, en plus de prévenir les îlots de chaleur et d’améliorer la biodiversité, croit Jessyca Farrugia. Ils créent du lien social, ils forment des écrans entre nous et la rue, ils captent la poussière, ils retiennent l’eau de pluie et évitent le ruissellement... Il y a plein d’études scientifiques qui montrent à quel point l’arbre nous fait du bien. »

Consultez le site de la campagne Un arbre pour mon quartier