Après une nette amélioration de la qualité de l’air à Montréal en 2020, celle-ci recommence à se détériorer depuis le mois de mai. Le Réseau de surveillance de la qualité de l’air (RSQA) de la Ville a recensé 20 journées de mauvaise qualité de l’air entre janvier et juillet 2021 inclusivement, contre 16 pour la même période en 2020. Cette augmentation pourrait en partie être liée à la reprise des activités depuis le déconfinement.

Entre mai et juillet 2020, le RSQA a seulement recensé deux journées de mauvaise qualité de l’air, dont une journée de smog à la suite d’un incendie de forêt dans la région de Kamouraska. Pour la même période en 2021, dix mauvaises journées ont été observées, presque le double de la moyenne des quatre années ayant précédé la pandémie, qui était de 5,3 jours. Des épisodes de smog à la suite des incendies de forêt en Ontario en juillet 2021 sont responsables de trois des dix journées.

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« Depuis le mois de mai, nous observons plusieurs jours de mauvaise qualité de l’air pour la station Décarie (poste 28) avec les travaux du projet de Royalmount », indique par courriel Karla Duval, relationniste à la Ville de Montréal.

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Plusieurs capteurs, comme ceux de la station Montréal-Nord, de la station Rivière-des-Prairies et de la station Saint-Jean-Baptiste, dans l’est de l’île, ont détecté des journées lors desquelles la qualité de l’air était mauvaise de janvier à juillet 2021. Pendant les journées de smog, plusieurs des stations d’échantillonnage de la ville enregistrent des données qui excèdent la limite. Si on exclut ces journées, le capteur Décarie (station 28) est celui qui a détecté la majorité des journées de mauvaise qualité de l’air. Comme l’indique la Ville, la reprise des travaux et les embouteillages dans l’échangeur Décarie qui en découlent sont probablement la source de cette augmentation de la pollution.

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André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, pense que le déconfinement a joué un rôle indéniable dans la détérioration de la qualité de l’air ces derniers mois. « Les gens étant déconfinés se déplacent beaucoup plus et on reprend le travail, donc il y a plus de circulation, explique-t-il. Les travaux reprennent à un niveau comparable à celui d’avant la pandémie. Tout ça nous ramène exactement au point où on était avant. »

Steven Flisfeder, météorologue à Environnement Canada, offre une analyse plus modérée.

C’est possible que les mauvaises journées aient été causées par la circulation ou une augmentation d’activité, mais nous ne pouvons pas le dire avec certitude.

Steven Flisfeder, météorologue à Environnement Canada

« Ce qu’on peut dire, c’est qu’une augmentation de la circulation, des travaux ou des incendies de forêt d’une année à l’autre va se traduire par une augmentation du nombre de journées de smog », ajoute-t-il.

La mauvaise qualité de l’air « réduit la durée de vie »

Les journées de mauvaise qualité de l’air peuvent avoir des effets néfastes sur la santé, particulièrement chez les personnes atteintes de maladie cardiaque ou respiratoire. Le smog en particulier peut irriter les yeux et les voies respiratoires, et peut même entraîner la mort des personnes à risque, indique le dépliant Info-Smog de la Ville de Montréal.

« Globalement, [la mauvaise qualité de l’air] réduit la durée de vie de tout le monde », fait valoir André Bélisle. Selon lui, ces impacts sur la santé risquent d’empirer avec le réchauffement de la planète, qui entraîne plus de chaleur, de sécheresse et d’incendies de forêt.

« C’est un cercle vicieux, continue André Bélisle. La planète se réchauffe, donc il y a plus d’évaporation. Cette vapeur capte les polluants et la chaleur, et les conserve à hauteur de nez. Ça cause un double problème : la pollution de l’air et la chaleur causent de graves problèmes de santé. Chez les personnes âgées, chez les jeunes ou chez les gens qui ont des problèmes pulmonaires ou cardiaques, les deux ensemble, ça peut être mortel. »

PHOTO FOURNIE PAR ANDRÉ BÉLISLE

André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique

« Il faut maintenir le télétravail »

« Grâce aux efforts continus des dernières années, conjugués au ralentissement des activités résultant de la crise sanitaire, Montréal a connu un bilan 2020 positif », indique par courriel la relationniste Karla Duval.

Elle explique que « depuis le 1er octobre 2018, il est interdit d’utiliser des appareils ou des foyers de chauffage au bois qui ne sont pas conformes à la réglementation ». La Ville continue aussi d’investir dans de nouveaux appareils de surveillance de la qualité de l’air afin de « maximiser les interventions » et d’assurer « une surveillance plus pointue ».

Pour améliorer la qualité de l’air, Steven Flisfeder, d’Environnement Canada, recommande de « prendre les transports en commun » et de « réduire le nombre d’heures passées en voiture » afin de « réduire les dégâts autant que possible ».

Quant à André Bélisle, il recommande de « maintenir le télétravail » pour réduire l’impact du déconfinement. « La crise climatique est grave, elle empire d’année en année. Il faut réduire nos émissions et prendre un virage vert rapidement. »