(Teknaf) Deux éléphants sauvages d’Asie étaient conduits en sûreté mercredi après quatre jours de calvaire, sans nourriture, sur une plage du Bangladesh où, venus de Birmanie, ils s’étaient égarés en raison d’une route migratoire bloquée.

Le mâle et la femelle rescapés sont actuellement guidés en direction des collines boisées de la ville côtière de Teknaf, selon les autorités bangladaises.  

Le couple de pachydermes y était arrivé samedi en traversant la rivière Naf, frontière naturelle entre le Bangladesh et la Birmanie. Des centaines d’habitants, « intimidés » par leur présence, les ont alors chassés en direction de la plage dépourvue de toute verdure où les animaux ont passé quatre jours à errer sans s’alimenter, a raconté à l’AFP Fazlul Haque, conseiller municipal de Teknaf.  

La présence des éléphants sauvages est redoutée dans les villages de la région. « Nous avons fait l’amère expérience de perdre des récoltes et même des vies à cause d’éléphants qui peuvent devenir très agressifs », fait valoir Jahid Hossain, un vieux villageois.  

Rendu nerveux par des milliers de gens venus les observer sur la plage, le couple a fini par se réfugier dans les eaux peu profondes d’un bras de mer du golfe du Bengale. Les pachydermes s’y sont épuisés pendant des heures jusqu’à ce que des pêcheurs, à bord de bateaux, parviennent au moyen de cordes à les ramener sur le rivage, selon les autorités.

« Les pêcheurs les ont sauvés d’une mort certaine », a déclaré le chef du département des forêts, Humayun Kabir. « Ils étaient affamés », a-t-il poursuivi, « hier (mardi) nous étions profondément inquiets pour leur santé ».  

Selon lui, le couple d’éléphants a probablement été séparé de son troupeau pendant la migration annuelle. « L’égarement des éléphants est un phénomène devenu récurrent », a-t-il souligné.  

Le département des forêts a fait état de la mort inexpliquée d’au moins sept éléphants sauvages d’Asie dans la région depuis l’an dernier.

Les éléphants sauvages parcourent les collines contiguës du sud du Bangladesh et des États de Chin et Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, dont les forêts sont parmi leurs derniers havres.  

Mais ils ne peuvent plus emprunter la route migratoire de Gudum bloquée, dans l’État de Rakhine, où de vastes étendues de forêts ont été détruites par le passage de centaines de milliers de réfugiés rohingya qui ont fui la Birmanie depuis 2017.  

« C’est la quatrième fois depuis l’an dernier que des éléphants tentent de façon inhabituelle de rejoindre leur habitat du Bangladesh par la rivière Naf », a indiqué à l’AFP Raquibul Amin, responsable local de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Selon lui, il faudrait « un dialogue transfrontalier entre le Bangladesh et la Birmanie pour surveiller les éléphants et prendre des mesures pour réduire l’antagonisme entre l’homme et l’éléphant ».