(Québec) Une pétition demande de limiter le trafic maritime sur la rivière Saguenay afin de sauver le béluga, une espèce en voie d’extinction.

Plusieurs grands projets industriels pourraient en effet tripler le nombre de passages de navires sur cette grande rivière et cela mettrait en péril l’espèce, selon des études scientifiques.

La pétition sera déposée jeudi matin à l’Assemblée nationale par le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault.

Depuis la fin de l’année, elle a recueilli 4500 signatures, un chiffre satisfaisant dans le contexte actuel de la pandémie, selon le directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP), Alain Branchaud.

« Ce n’est pas un droit d’utiliser ces écosystèmes, il y a des obligations, des devoirs qui y sont rattachés », a-t-il plaidé.

« Là, c’est comme si on permet tout. On est rendu au moment où on peut se demander jusqu’à quel point on peut autoriser le trafic, si on se met seulement à autoriser des passages de bateau qui ont des retombées positives pour l’économie de la région et pour l’environnement. »

Selon les études, le béluga fréquente davantage le Saguenay qu’on ne le croyait. C’est un « refuge acoustique » pour les femelles et leurs veaux. Or le bruit élevé des cargos est très nuisible et l’empêche de communiquer avec ses congénères.

Les 450 transits de navire répertoriés par année sur le Saguenay sont déjà un seuil maximal. L’étude prévoit que si tous les projets industriels prévus au Saguenay–Lac-Saint-Jean se concrétisent, le trafic passera à 1200 par an, une hausse de 800.

Parmi les chantiers à l’ébauche au Saguenay, il y a notamment l’usine de liquéfaction de gaz naturel GNL-Québec et son terminal méthanier, la mine du Lac à Paul d’Arianne Phosphate, ainsi que l’usine de Métaux BlackRock.

« Les chercheurs recommandent la plus grande prudence dans l’analyse des projets qui augmentent le trafic maritime, a rappelé M. Branchaud. Il faut amorcer une discussion de gestion responsable qui inclut une notion de contingentement, de limite, de capacité de support de l’écosystème, avec, comme mesure, le rétablissement de l’espèce. »

Rappelons qu’une fois la pétition déposée, le gouvernement prépare une réponse écrite qu’il soumet ultérieurement en Chambre.

Pour sa part, le député de Jonquière s’assurera de faire un suivi de cette pétition auprès du gouvernement en demandant une séance de travail afin qu’une commission parlementaire se saisisse de cette question.