Il y a un millier de centres de la petite enfance (CPE) au Québec. Et de ce nombre, une centaine sont « verts » à des degrés divers. Certains font leurs premiers pas vers un mode de vie écolo. D’autres sont majeurs et vaccinés. Portraits d’établissements inspirants

Dans le domaine, le CPE La Petite-Patrie est premier de classe. Inscrit au programme CPE durable, depuis son lancement par l’organisme ENvironnement JEUnesse (ENJEU), en 2014, il a franchi les étapes une à une jusqu’au couronnement final, décerné cette année : la certification excellence.

Autour de 15 000 $, soit 0,5 % de son budget annuel, ont été consacrés aux pratiques du développement durable, en 2020.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Maxime Côté dirige le CPE La Petite-Patrie, dans Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal.

« Nous, on achète du matériel pour faire nos propres savons. On fait notre propre gouache, notre aquarelle », détaille son directeur, Maxime Côté, dont l’objectif est d’obtenir un jour la certification carboneutre et de s’approvisionner sur le marché local à 95 %.

Le matériel de jeux offert aux 160 enfants de ce service de garde est principalement en bois, plutôt qu’en plastique. La majorité des aliments servis aux repas sont d’origine locale. Et l’été, la cuisine s’approvisionne dans la cour où poussent des herbes, de la laitue, du chou frisé (kale), des pois mange-tout et une foule d’autres légumes.

Le CPE La Petite-Patrie mesure aussi son empreinte carbone. Un des critères d’embauche est le lieu de résidence des futurs employés. Habitent-ils près du CPE, dans le quartier Rosemont–La Petite-Patrie ? Se déplacent-ils en transports en commun, à pied, en vélo ou en auto ?

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Les aliments cuisinés au CPE La Petite-Patrie proviennent d’ici en grande partie.

« Ça fait toute une différence, assure M. Côté. Les employés qui postulent ici ne veulent pas travailler ailleurs. Ça nous permet de nous distinguer. Alors qu’on parle de pénurie d’emplois dans tous les domaines, nous, au contraire, en 2020, on a embauché 10 personnes. »

Le papier brun

Le CPE La Petite-Patrie n’est pas le seul élève modèle du groupe. Deux autres CPE, également inscrits au programme CPE durable d’ENvironnement JEUnesse, ont obtenu la certification excellence, cette année : le CPE Les Tourterelles, à Rigaud, et le CPE Vire-Crêpe, à Lévis. Ce qui rappelle que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce genre d’initiative ne séduit pas que les gens du Plateau Mont-Royal et de Rosemont !

Le CPE Les Tourterelles a réussi à faire en un an ce que d’autres ont mis des années à accomplir. Il est passé de débutant à pro, en 2020.

« Le premier morceau qu’on a mis en place, c’est la pédagogie », note la directrice Meili Faille, ancienne députée bloquiste.

On est train d’adapter tous nos processus, nos interventions pédagogiques, pour passer le plus de temps possible à l’extérieur. Actuellement, ce qui est en place, beau temps, mauvais temps, deux groupes par jour vont en forêt avec leur éducatrice.

Meili Faille

« On est à Rigaud. On a tout, de l’eau, des sentiers, la forêt, la montagne, des champs. Tout est à proximité. Ça nous permet de faire de beaux projets avec les enfants », ajoute-t-elle.

Le service de garde a aussi remplacé le papier brun par des débarbouillettes réutilisables, éliminé les verres coniques en papier, changé les appareils d’éclairage, installé un nouvel abreuvoir et fait pousser des légumes dans la cour.

« On est rendus au point où on enlève du gazon pour augmenter nos surfaces de jardin, précise Mme Faille. L’été dernier, tout notre kale, nos courgettes, nos tomates et nos concombres provenaient de notre production. On y va par année. Cette année, on a planté des pommiers et des poiriers. L’année passée, on avait des fraises, des framboises et des bleuets, des mûres, de la rhubarbe, des graines et des groseilles. Tout ça est nouveau. »

Quel impact ces mesures ont-elles sur les enfants ?

« Le bien-être », répond la directrice.

« Quand on va en forêt, et que les enfants sont en jeu libre, sans bruit et contrainte de temps, ils sont surveillés, mais ils sont plus libres. Ça fait des enfants qui apprennent mieux, qui sont plus calmes, qui gèrent mieux leurs émotions quand ils rentrent. À l’âge qu’ils ont, on n’en fait pas des militants de l’environnement. Mais on se dit qu’une fois qu’ils ont acquis cette notion de bien-être, ils vont chercher à protéger cet environnement. »

Coups de cœur

L’organisme d’éducation ENvironnement JEUnesse, créé en 1979, a également décerné quatre coups de cœur à des services de garde qui ont pris des initiatives vertes, en 2020. À Repentigny, le CPE Au Petit Brin de Foin a acheté un frigo dans lequel il range les surplus de sa cuisine, dans le but de réduire le gaspillage alimentaire. Les parents sont invités à se servir en venant chercher leurs enfants à la fin de la journée. À Laval, le CPE Du Pic a refait son stationnement en améliorant l’aménagement paysager pour lutter contre les îlots de chaleur et accroître la biodiversité. À Chambly, le CPE Franquette la Grenouille a verdi ses locaux. Et à Lachine, le CPE le Jardin des Frimousses a mis l’accent sur les aliments locaux.