Québec passe de la parole aux actes : après l’avoir promis en septembre, le gouvernement Legault annoncera dimanche la protection de 17 nouveaux territoires protégés dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, a appris La Presse. Cela fera passer à 10,4 % la proportion de milieux marins protégés.

« Le dossier est passé au conseil des ministres cette semaine. C’est la première fois que le Québec respecte l’un de ses engagements internationaux de cette nature et nous en sommes très fiers », confirme Geneviève Richard, qui est attachée de presse au cabinet du ministre de l’Environnement, Benoit Charrette.

Elle fait référence à l’engagement qu’a pris le Québec dans le cadre des « Objectifs d’Aichi », signés en 2010, en vue de protéger au moins 10 % de ses milieux marins d’ici la fin de 2020. Parmi les 17 secteurs visés, on compte celui du Banc-des-Américains, pour lequel un accord a été conclu en mars 2019 entre Ottawa et Québec pour un projet conjoint d’aire marine sur 1000 kilomètres carrés.

Au total, six territoires seront protégés dans l’estuaire et onze autres le seront dans le golfe. Les autorités assurent par ailleurs que les communautés autochtones concernées ont été consultées dans le processus.

La protection de ces aires marines signifie qu’il y sera interdit de réaliser toute activité associée à l’exploration et l’exploitation de ressources naturelles, ce qui inclut les industries minières, gazières et pétrolières, mais aussi les forces hydrauliques et la production d’énergie.

COURTOISIE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

Voici une carte des 17 nouveaux territoires protégés par les autorités provinciales.

« Un grand pas », mais encore du travail

Le directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Alain Branchaud, a salué ce « grand pas du gouvernement ». « On a commencé l’année avec même pas 2 % d’aires marines protégées. C’est remarquable d’atteindre plus de 10 %. L’essentiel de l’estuaire, qui couvre une grande partie de l’habitat naturel du béluga, est maintenant protégé », affirme l’écologiste.

Samedi dernier, Québec avait annoncé la protection d’environ 30 000 kilomètres carrés de territoires au Nunavik, faisant ainsi bondir à 12,7 % la proportion du réseau d’aires protégées au niveau terrestre. Selon les « Objectifs d’Aichi », ce chiffre doit atteindre 17 % d’ici la fin 2020.

On s’approche d’un réseau d’aires protégées représentatif, qui sera aussi résilient. Il faut déjà prévoir les prochains engagements à prendre, qui seront normalement de l’ordre de 30 % en 2030, tant au niveau terrestre que marin.

Alain Branchaud, de la SNAP-Québec

M. Branchaud rappelle qu’il reste encore beaucoup à faire. « Ça prend des mesures de protection mur-à-mur sur toute activité, qu’elle soit de juridiction fédérale ou provinciale », insiste-t-il, en soulignant qu’il faudra aussi s’assurer que les navigateurs « conviennent d’une façon d’utiliser ces aires » dans le respect des objectifs de conservation. « On a besoin d’un plan de conservation clair », illustre-t-il.

Aux citoyens qui demandent plus de milieux protégés en milieux urbains, la SNAP-Québec demande un peu de patience. « Il y a une série d’annonces qui s’en viennent, donc c’est sûr qu’il y en aura. C’est un plus grand défi, c’est certain, donc il faut travailler à engager les municipalités », ajoute M. Branchaud.

En attendant, protéger le Nord est loin d’être inutile, soulève l’écologiste, en précisant que les pressions de l’activité humaine y sont « très importantes ». « Quand j’entends des gens dire que c’est facile de faire ça dans le Nord, je me dis qu’il y a un problème de perception. Les mesures y sont nécessaires, ne serait-ce que pour lutter contre les changements climatiques », conclut-il.