Des pavés qui laissent l’eau s’écouler dans le sol. Assez confortables pour les piétons, cyclistes et autres usagers. Et assez robustes pour le passage des véhicules, même lourds. C’est ce que l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a installé dans une ruelle, à Montréal. Un succès auprès des utilisateurs.

(Montréal) Malgré la pluie qui tombe, il n’y a aucune flaque d’eau dans la ruelle.

Et pour cause : elle est faite de pavés perméables, conçus pour laisser les précipitations s’écouler naturellement dans le sol plutôt que de les envoyer dans les égouts, qui sont de plus en plus surchargés dans les grandes villes.

Située dans le prolongement de la promenade Luc-Larivée, qui emprunte le parcours d’une ancienne voie ferrée démantelée à la fin des années 1990, juste au sud de la rue Ontario, cette ruelle de 150 mètres était en piteux état et peu invitante.

Plutôt que de la refaire à l’identique, en asphalte ou en béton, l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a opté pour une solution à la fois écologique et esthétique, notamment parce qu’elle est très achalandée.

« Ça devient une promenade », explique François de la Chevrotière, le chargé de projets en mobilité et aménagement urbain de l’arrondissement qui a chapeauté le réaménagement.

La technique est simple : les pavés sont un peu plus espacés que dans un pavage traditionnel, mais tout de même imbriqués les uns dans les autres, et les espaces sont comblés par des gravillons plus gros pour éviter le colmatage.

Mais c’est sous la surface que l’essentiel se passe : une masse de gravier ralentit l’écoulement de l’eau jusqu’au drain, situé au fond.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

François de la Chevrotière, chargé de projets en mobilité
et aménagement urbain de l’arrondissement, et Michel Rousseau, architecte-paysagiste chez Rousseau Lefebvre

« C’est elle, le réservoir, l’éponge », illustre Michel Rousseau, architecte-paysagiste chez Rousseau Lefebvre, la firme de consultants en urbanisme qui a accompagné l’arrondissement dans la réalisation du projet.

Résultat, à peine 10 % de l’eau est envoyée à l’égout en cas de pluie, contre 95 % dans le cas d’une surface imperméable comme l’asphalte ou le béton.

Avantages multiples

Faire une ruelle en pavés perméables coûte environ trois fois plus cher qu’en asphalte ou en béton sur le coup – 550 000 $ dans ce cas-ci –, mais permet des économies ailleurs.

« Oui, il y a un coût, mais il y a aussi un coût à gérer les surverses », affirme Michel Rousseau, qui souligne que le coût environnemental des infrastructures moins efficaces n’est généralement pas pris en compte dans la réalisation d’un tel projet.

« L’asphalte ne coûte pas cher, mais ça n’amène rien », ajoute Michel Rousseau, expliquant que les avantages du pavé perméable ne se limitent pas au drainage.

« Ça diminue les îlots de chaleur, dit-il. Ça réfléchit la lumière au lieu de l’absorber, c’est le même principe que les toitures blanches. »

L’arrondissement se réjouit de voir les citoyens se réapproprier le lieu et y note une diminution du vandalisme et de la violence.

« C’est notre High Line à Hochelaga », s’exclame François de la Chevrotière, en référence au parc linéaire de Manhattan, à New York, aménagé sur d’anciennes voies ferrées aériennes.

« Ça décloisonne un espace, ça devient un lieu de destination », enchaîne Michel Rousseau.

C’est un des bons exemples de réappropriation urbaine à Montréal.

Michel Rousseau, consultant

La technique a aussi ses avantages pour le climat rigoureux qui est le nôtre.

« Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ça se draine l’hiver aussi, assure Michel Rousseau. Il n’y a pas d’eau accumulée dans la fondation, alors ça ne peut pas travailler. »

Résultat, moins de plaques de glace et moins de risques de chutes.

Accessible à tous

Les pavés drainants ne sont pas réservés aux municipalités ; tout le monde peut s’en procurer et en installer chez soi.

« On a même fait un [centre de la petite enfance] avec ça », s’exclame Michel Rousseau, précisant que ce type de pavé est idéal pour les terrains plats où l’eau a tendance à stagner avec des matériaux imperméables.

L’entretien est fort simple : enlever lorsque nécessaire les sédiments et la matière organique, comme les feuilles d’arbres, qui peuvent s’accumuler entre les pavés, et y remettre des gravillons, au besoin.

Les instigateurs du réaménagement de la ruelle du quartier Hochelaga savent bien qu’à elle seule, elle n’aura pas un grand impact sur la surcharge des égouts montréalais ; c’est la multiplication de ce genre d’infrastructure qui en aura un.

Sur le radar

Plus d’arbres que prévu

PHOTO SOULEYMANE AG ANARA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

La réserve de Kouré, dans le désert du Sahel, au Niger

Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature, le sud du Sahara et le Sahel abritent plus d’arbres que l’avaient prévu les scientifiques, une découverte importante pour la biodiversité et la vie des populations. Grâce à des techniques d’intelligence artificielle, l’équipe internationale de chercheurs a pu comptabiliser le nombre d’arbres présents dans ces deux régions particulièrement sèches et chaudes du continent africain. Plus de 11 000 images satellites haute définition ont permis d’identifier plus de 1,8 milliard d’arbres, soit une moyenne de 13,4 arbres par hectare. Bien que ce soit une couverture végétale légère, cette végétation joue un rôle crucial pour la biodiversité et pour l’écosystème en servant de ressources alimentaires et d’abri pour les populations humaines et animales tout en permettant le stockage de carbone.

– Alice Girard-Bossé, La Presse

Des émissions de carbone en baisse

PHOTO GREG BAKER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Mine de charbon à Datong, en Chine

Les émissions globales de carbone ont chuté de 8,8 % pour les six premiers mois de l’année, la plus importante baisse jamais enregistrée pour cette période, attribuée aux confinements imposés dans plusieurs pays pour lutter contre la propagation du coronavirus. Toutes proportions gardées, cette baisse, mesurée par des chercheurs de la Chine, de la France, du Japon et des États-Unis, est plus importante – en termes de pourcentage – que celle observée lors de la Seconde Guerre mondiale. Les températures plus chaudes que la normale dans l’hémisphère Nord, à l’hiver et au printemps, auraient aussi contribué à faire baisser les émissions de carbone par rapport à l’année précédente.

– D’après Reuters