(Montréal) La Fondation Rivières a réalisé une carte interactive des déversements d’égout non traités au Québec, en collaboration avec l’École des médias de l’UQAM, qu’elle rend disponible au public lundi à l’occasion de la Journée mondiale des rivières.

« Pour la première fois, le citoyen peut avoir une idée de l’ampleur des dégâts » causés à la rivière de sa municipalité, clame le directeur général André Bélanger dans un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.

Pour la Fondation Rivières, le temps était venu d’informer le public sur l’ampleur de la situation.

« Depuis le “flushgate” à Montréal (déversement de 8 milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent en 2015), l’enjeu de la qualité et d’accessibilité à l’eau interpelle beaucoup les Québécoises et les Québécois. Or, des déversements d’eaux usées, il y en a partout et à tous les jours ! La population doit savoir où se situent les quelque 60 000 déversements d’eaux usées non traitées par année et l’évolution dans chaque municipalité. La carte illustre le symptôme d’une maladie inquiétante et surtout, elle permet de dresser une liste des municipalités où il faut intervenir de toute urgence pour colmater les brèches. […] La transparence. Voilà notre objectif », explique M. Bélanger.

La Fondation a voulu simplifier les données publiées par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, dans le but de les rendre plus accessibles aux citoyens. L’information colligée entre 2011 et 2019 a toujours été disponible, toutefois elle était plus facile à lire pour un ingénieur en hydraulique que pour la population en général, donne en exemple Jean-Hugues Roy, professeur de journalisme de données à l’UQAM et collaborateur.

Cet outil simple permettra au citoyen d’observer l’ampleur des déversements d’eaux d’égout dans sa municipalité d’une année à l’autre et de faire des comparaisons avec les autres municipalités.

Cela permettra également de cibler les municipalités où la situation est plus grave. On peut remarquer que la situation de L’Assomption s’est améliorée de 2017 à 2019. Cela s’explique par la diminution de la durée des débordements d’eaux usées dans le secteur. Lachute quant à elle a connu « une hausse spectaculaire, probablement liée au développement de nouvelles zones résidentielles », avance M. Bélanger. Ces nouveaux développements causent des débordements parce que les infrastructures d’aqueducs ne suivent pas la cadence rapide des nouvelles constructions. Dans les faits, il faudrait que le réseau d’aqueduc se développe en parallèle, élabore-t-il.

« Les municipalités qui veulent bien faire font face à de nombreux défis bureaucratiques », admet la Fondation. Au lieu de prioriser les cas les plus problématiques, la municipalité doit d’abord traiter les dossiers qui lui sont présentés en premier. Selon lui, cette hiérarchisation est à revoir.

Avec les changements climatiques, le phénomène des tempêtes tropicales va s’accentuer, selon M. Bélanger, et « on se dirige vers des années où il va pleuvoir beaucoup en peu de temps ».

« On invite les citoyens à signaler le problème à leur municipalité de manière à ce que ça devienne une priorité », a conclu M. Bélanger.

> Consultez la carte interactive

Ce reportage a été préparé dans le cadre du programme de Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.