La zone d’intervention spéciale (ZIS) mise en place après les inondations de 2017 et 2019 ne sera bientôt « plus indispensable » sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui demandera à Québec de la révoquer.

C’est que la CMM est sur le point de terminer la cartographie précise des plaines inondables, ce qui permettra une meilleure anticipation des crues, a-t-elle annoncé jeudi.

« On met la priorité sur le comportement du cours d’eau », explique Cédric Marceau, chef du Bureau de projet de gestion des risques d’inondation de la CMM.

Auparavant, en raison des différentes méthodologies utilisées par les différents acteurs, « les zones inondables ne concordaient pas d’une municipalité à l’autre », poursuit-il.

Quelque 600 cartes seront donc bientôt terminées, couvrant le fleuve Saint-Laurent, le lac des Deux Montagnes, les rivières des Outaouais, des Mille Îles et Saint-Jacques ; celles de la rivière Richelieu devraient quant à elles être terminées d’ici la fin de l’année.

Une douzaine d’experts travaillent depuis un an à la réalisation de cette « première cartographie du Saint-Laurent dans l’histoire du Québec ».

Anticiper

Ces cartes, réalisées avec des « technologies de pointe » comme le lidar, prennent en compte une multitude de données, comme la vitesse du courant, la profondeur du cours d’eau et le niveau des zones inondables.

« Grâce à cette cartographie, on va pouvoir anticiper », lance la professeure Isabelle Thomas, de l’École d’urbanisme et d’architecture du paysage de l’Université de Montréal, qui aidera justement la CMM sur ce plan.

Ainsi, les municipalités pourront déterminer si un secteur risque d’être recouvert de seulement quelques centimètres d’eau ou de deux mètres ; évaluer si des routes risquent d’être submergées, voire emportées ; caractériser le risque, explique-t-elle.

C’est ce qui permettra également de déterminer comment rendre ces secteurs « plus résilients », illustre Cédric Marceau ; à certains endroits, rehausser les maisons pourrait suffire, alors qu’ailleurs, des ouvrages de protection pourraient s’avérer nécessaires.

Isabelle Thomas y voit d’ailleurs une mesure d’adaptation aux effets des changements climatiques.

« Après la crise [des inondations], il faut rebondir et aller plus loin », dit-elle.

Récurrence et vulnérabilité

Cette nouvelle cartographie permet ainsi de passer d’une réglementation basée sur la récurrence des crues à une gestion du risque basée sur la vulnérabilité par secteurs, affirme Massimo Iezzoni, directeur général de la CMM.

C’est d’ailleurs ce que devrait exiger le nouveau plan d’action du gouvernement québécois, attendu ce printemps.

« On ne pouvait pas faire ça sans calculer la profondeur de submersion sur tout le territoire, explique Cédric Marceau. Maintenant, on est prêts. »

La CMM prévoit que l’essentiel de sa cartographie sera finalisé le 18 juin, ce qui lui permettra alors de demander à Québec la levée de la zone d’intervention spéciale sur son territoire.

« Et on sera les premiers à le faire », affirme Massimo Iezzoni.

La CMM est impatiente d’obtenir la levée de la ZIS, qui a eu des effets « majeurs pour les citoyens qui sont dans l’incertitude », a rappelé Denis Martin, maire de Deux-Montagnes et préfet de la MRC de Deux-Montagnes.

Les cartes qui sont déjà prêtes pourront d’ailleurs être utiles dès ce printemps en cas de nouvelle crue.

D’ici la fin de l’année, la CMM prévoit d’ailleurs mettre à disposition du public un site internet permettant d’évaluer le risque d’inondation « par adresse ».