(Victoriaville) C’était un siège de voiture qui a transporté des tout-petits, et qui est désormais trop vieux pour être refilé à quelqu’un d’autre. Sa nouvelle vie fera de lui un banc de parc, un collier pour chien, un coussin pour toutou. Dernier volet de notre série sur l’épopée de la récupération des sièges d’auto.

François Filion a la tête dans le coffre de son véhicule quand nous débarquons chez lui, peu après midi. Il profite de la pause du lunch dans le commerce où il travaille pour consacrer du temps à son entreprise bénévole de récupération de sièges d’auto pour enfants.

Dans sa minifourgonnette, de grosses poubelles sont remplies de pièces de plastique colorées, depuis des poignées de sécurité rouges aux porte-gobelets gris. Tout est bien classé par couleur ou par type de matériau.

Après la collecte des sièges et leur démontage par son réseau de bénévole, François Filion en est à la dernière étape pour compléter le recyclage des composantes.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Dans la minifourgonnette de François Filion, de grosses poubelles sont remplies de pièces de plastique colorées, depuis des poignées de sécurité rouges aux porte-gobelets gris. Tout est bien classé par couleur ou par type de matériau.

Les pièces de métal ont facilement trouvé preneur chez un recycleur de métaux – leur vente sert à éponger une partie des frais de transport. La mousse de rembourrage et certaines sangles sont envoyées à Connie Haymond, à Saint-Hubert, qui fabrique des coussins et des colliers pour chiens (voir encadré).

Seuls le textile et la styromousse se retrouvent à la poubelle. « Pour l’instant », dit François Filion, qui ne désespère pas de leur trouver un repreneur.

Reste le plastique. Beaucoup, beaucoup de plastique, qu’il faut soigneusement trier pour qu’un transformateur accepte de l’acheter.

Plastique noir, plastique gris

« Il y a environ 7 livres de plastique par siège », évalue François Filion, en finissant de trier ses pièces. Les prix de revente des petites pièces de plastique ne sont pas fameux en ce moment, mais les plus gros morceaux (la coque, le siège) seront achetés à bon prix s’ils ne sont pas contaminés par d’autres matériaux (métal, styromousse, textile, carton…) et qu’ils sont triés par couleurs.

François Filion doit d’abord faire empaqueter son plastique trié en ballots par une première entreprise (Gaudreau Environnement, de Victoriaville), avant de l’acheminer à sa dernière destination, l’usine de Produits Re-Plast, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil.

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Jean-Frédérick Soucy, chef de projet, et Marc Francoeur, directeur général de Produits Re-Plast

Dans leurs locaux plantés au bord de l’autoroute 20, Marc Francoeur et Jean-Frédérick Soucy ont mis de côté un ballot de coques de plastique noires écrasées pour la lentille du photographe. Bientôt, ce qui reste des sièges d’auto patiemment démontés sera embarqué sur le convoyeur, déchiqueté dans le broyeur, et transformé en granules noires.

Mais les sièges écrasés de M. Filion ne sont pas les seuls à attendre leur tour de broyeur. Près du ballot de sièges se trouvent d’autres paquets de plastiques fort reconnaissables : des pots de yogourt, des barquettes de prêt-à-manger, des bouteilles de produits d’hygiène, bref, du plastique qui arrive tout droit du centre de tri de Victoriaville. « On prend presque tout le plastique de Victo ! », précise M. Soucy.

Et pour cause : le plastique trié par couleurs et par types (le plastique transparent de polyéthylène téréphtalate, ou PET, utilisé notamment dans les bouteilles d’eau a été écarté par le centre de tri) devient la matière première pour une panoplie de produits de l’entreprise. Des chaises Adirondack aux planches de terrasse, en passant par des poubelles, des bacs à fleurs, des tables, et, évidemment, des bancs de parc qui reposent sur une base noire, noire comme le plastique d’un siège d’auto.

De l’utilité du plastique bien trié

« Il y a actuellement une crise du recyclage, et c’est correct », dit, un brin frondeur, le directeur général Marc Francoeur. « Un moment donné, chaque joueur va faire ce qu’il a à faire. Les centres de tri vont trier, et les transformateurs vont transformer », ajoute-t-il, critiquant l’incapacité de plusieurs centres de tri à lui fournir de la matière non contaminée.

Et les centres de tri ont reçu beaucoup d’argent du gouvernement. Ici, on n’a pas eu d’argent des gouvernements !

Marc Francoeur, de Produits Re-Plast

Il craint cependant que la crise ne décourage les citoyens qui pourraient décider de mettre à la poubelle le plastique dont il a justement besoin dans son usine. « Le temps qu’on perd à recommencer, on n’avance pas. »

Au fond de l’usine, l’extrudeuse fonctionne à plein régime, moulant les granules de plastique selon le produit désiré. Ce jour-là, les granules noires, qui contiennent des restes de sièges d’auto, ressortent moulées en bases de banc de parc, comme ceux qui ont été installés à Rimouski et Trois-Rivières. Elles auraient tout aussi bien pu finir en poutres que l’État de New York achète à Re-Plast pour protéger ses quais.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Des bancs de parc fabriqués par Produits Re-Plast

Des idées de recyclage pour le plastique usagé, les deux hommes n’en manquent pas. Ils présentent non sans fierté leur nouvelle création, une lourde brique composée d’un mélange de 70 % de verre et de 30 % de plastique récupéré grâce à un nouveau broyeur capable d’avaler du plastique qui contient une proportion plus grande de contaminants que les appareils actuels. Un pavé solide et résistant, assurent-ils. « Si on a déterminé qu’un sac de plastique mettait 1000 ans à se dégrader, alors la brique devrait tenir longtemps… »

Le CAA collecte, François Filion recycle

Le CAA a conclu un partenariat avec François Filion pour lui acheminer des sièges d’auto usagés à démonter et à recycler. La liste des points de collecte est disponible sur le site du CAA.

Les colliers de Connie

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Des colliers de chien de P’tit Paw

Connie Haymond adore les chiens. Mais elle ne trouvait pas les colliers, harnais et coussins adaptés pour eux – ses deux toutous sont handicapés et incontinents. Elle a donc commencé à en fabriquer elle-même, avant de créer sa propre entreprise, P’tit Paw. « Au début, j’achetais le nylon pour faire les colliers. Puis je me suis demandé s’il n’existait pas quelque chose que je pourrais récupérer. » Justement, François Filion avait un gros paquet de ceintures de sécurité à donner… Ainsi est née la collaboration entre le récupérateur de Victoriaville et la dame de Saint-Hubert. En plus de récupérer les sangles, sur lesquelles elle coud une bande de tissu coloré pour créer des colliers uniques, Mme Haymond récupère aussi la mousse de rembourrage des sièges pour la mettre dans ses coussins pour chiens.

Sur l’écran radar

L’aéroport de Québec se distingue

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Les mesures d’efficacité énergétique de l’Aéroport international Jean-Lesage de Québec ont été récompensées par l’Airport Carbon Accreditation pour l’optimisation de son empreinte carbone.

Les mesures d’efficacité énergétique de l’Aéroport international Jean-Lesage de Québec ont été récompensées par l’Airport Carbon Accreditation, qui lui a décerné sa certification de niveau 3, pour l’optimisation de son empreinte carbone. Les économies d’énergie réalisées dans les dernières années ont permis à l’aéroport de la capitale nationale de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 44 % par rapport à 2016, malgré le fait que l’aérogare a été agrandie de 60 %, affirme l’organisation dans un communiqué publié vendredi. L’aéroport Jean-Lesage se classe ainsi « parmi les aéroports les plus efficaces en Amérique du Nord sur le plan énergétique », selon son président et chef de la direction, Stéphane Poirier.

— Jean-Thomas Léveillé, La Presse

Côte-Nord : nettoyage terminé d’un ancien dépotoir qui se déversait dans le fleuve

Le nettoyage de l’ancien dépotoir de la municipalité de Rivière-Saint-Jean est maintenant terminé, a indiqué vendredi le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec. Le site, inutilisé depuis les années 70, se vidait de son contenu dans le fleuve Saint-Laurent depuis 2015, lors de fortes marées, en raison de l’érosion des berges. Plus de 4500 mètres cubes de matières résiduelles – de quoi remplir près de deux piscines olympiques – en ont été retirés, puis acheminés dans un lieu d’enfouissement technique de la région. Seize tonnes de matériaux ferreux ont aussi été envoyées au recyclage. Le site a ensuite été végétalisé avec des graminées. Les travaux de nettoyage, qui ont coûté quelque 800 000 $, avaient commencé en octobre 2018.

— Jean-Thomas Léveillé, La Presse